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Département de la Charente-Maritime

Breuil-de-Pas (Le)   (17)

Maison du Temple ou Hôpital du Breuil-de-Pas
Charente-Maritime, arrondissement Saintes, canton et commune: Saujon - 17


Temple ou Hôpital du Breuil-de-Pas
Temple ou Hôpital du Breuil de Pas


Il n'y a aucune preuve ni pour l'Ordre du Temple, ni pour les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, pour attribuer avec certitude, ce bien à l'un ou à l'autre des Ordres. Il n'en reste pas moins qu'il était bien la propriété d'un des Ordres Militaires.
Les Hospitaliers ou certains Historiens, l'attribue à ce-dit Ordre, à défaut de pouvoir apporter la preuve contraire, nous les laisserons bénéficier du doute.


Les archives de la commanderie du Breuil-du-Pas « assise en la paroisse de Saujon, en pays de Xaintonge, entre les rivières de Charente et de Gironde, a deux lieues prez de ladite rivière de Gironde » ne contiennent aucun acte ancien permettant de déterminer, même approximativement, la date de son implantation ni d'attribuer, avec certitude, sa fondation au Temple ou à l'Hôpital. A deux reprises, en 1373 d'abord, soit environ soixante ans après que l'Hôpital eut incorporé à son propre réseau de maisons les établissements du Temple, puis à nouveau en 1460, les Hospitaliers s'attribuent la fondation de cette commanderie sans toutefois faire référence à des actes précis. A défaut de pouvoir apporter la preuve contraire, nous les laisserons bénéficier du doute.

« La ditte commanderie est de bonne ancienneté et notable fondation, jadis fondée pour et en l'honneur de Dieu et de monseigneur Saint Jean de Jérusalem. »

Implantée dans une région de marais et de taillis, ainsi que l'évoque son nom même (Du latin brolium: bois qui donne en français les formes broil, breul, breuil, etc. (bois, taillis, forêt, buisson, etc.), la maison de « Brolio in Passu » disposait d'un patrimoine dont la composition est mal connue en raison des lacunes de la documentation. Un document tardif, de 1460, mentionne que lui appartenaient plusieurs « maisons, villages, terres labourables, prez, bois, vignes et autres héritages quelconques, cens, rentes et revenus. » On sait aussi qu'elle possédait des marais salants, dans l'île d'Oléron, en la paroisse Notre-Dame du Château, possession attestée par un acte de 1405 par lequel le commandeur, Jean Labbé, baille à un habitant de l'île 100 aires de ces marais, alors inexploités, moyennant une rente annuelle de 5 sous.

L'enquête pontificale de 1373, si révélatrice ordinairement des possessions des commanderies, n'apporte aucun élément pour le Breuil-du-Pas. Les commissaires déclarent dans leur procès-verbal qu'ils n'ont pu s'informer sur les biens et l'état de cette commanderie, n'ayant pas osé s'y aventurer en raison de la présence, trop voisine, des ennemis du roi de France qui tenaient la tour de Broue, le château de Mortagne et couraient la mer dans les parages. (...et statu dicte domus non potuit alla informatio fieri propter guerras et hostes régis Francie maxime commorantes in turre de Broda et in Castro de Mauritania ac navigantes per mare quod est satis prope istam domum, nullus ausus fuit ibidem accedere pro informatione facienda).

Leur témoignage rapporte seulement qu'il y avait deux frères à la « domus de Pas », le commandeur, un frère prêtre âgé d'environ cinquante ans, Jean de Boismartin, un autre frère prêtre, Jean Tybaut, et que les deux hommes vivaient difficilement des revenus de la maison.

Eglises-d'Argenteuil



Hospitalis Eglises-d'Argenteuil
Domus Hospitalis Eglises-d'Argenteuil


La commanderie du Breuil-du-Pas devait cruellement souffrir des guerres franco-anglaises. Après le départ du commandeur Jean Labbé pour la commanderie Les Eglises-d'Argenteuil, dans les années 1420, deux commandeurs s'y succédèrent en peu de temps, frères Guillaume Poiz et frère Philippe Gaston; le second devait laisser la commanderie au bout de trois ans « par ce qu'elle lui estoit de nulle valeur » ?

Tout ce qui suit est tiré d'un dossier des années 1460 relatif à une procédure engagée par le commandeur Aimery Bonneau contre le seigneur de Rioux pour le contraindre à payer une rente de 20 livres, Archives départementales de la Vienne, 3H1, 427.
Des extraits en ont été publiés par l'abbé P. Th. Grasilier, Documents inédits colligés par M. de Beaumont, évêque de Saintes. La commanderie du Breuil-du-Pas ou Tableau de la Saintonge pendant la première moitié du XVe siècle (Extrait d'une enquête relative à cette commanderie), dans Recueil des Actes, Archives et Mémoires de la Commission des Arts et Monuments Historiques de la Charente-Inférieure et Société d'Archéologie de Saintes, tome III (1877), pages 43-55. L'édition des pièces de ce dossier et de documents annexes est donnée par M. Robert Favreau.

La commanderie du Breuil-du-Pas, déjà fort mal en point, resta alors à l'abandon pendant une quinzaine d'années, aucun frère de l'Hôpital ne voulant s'en charger. Pendant toute cette période, la guerre sévissait avec force dans la région et un contemporain rapporte que le village du Breuil-du-Pas, ainsi que la paroisse de Saujon, étaient « desers et inhabitans. » Quelques laboureurs avaient essayé, à la faveur des trêves, de s'installer à la commanderie mais « ils n'y arrestoient point passé demy an ou ung an au plus. »

Vers 1440-1443,le Maître de l'Hôpital, avec l'assentiment des frères de la Langue de France résidant à Rhodes, donna la commanderie à un de ses valets, un illettré, Philippe de La Boissière, qui dut entrer dans l'Ordre pour en disposer. Lorsqu'il arriva sur les lieux pour prendre possession de sa commanderie, Philippe de La Boissière « mist plus de onze jours avans qu'il peust approcher de ladite commanderie pour les grands buissans et boys qui estoient illec environ »; les broussailles avaient conquis jusqu'à la chapelle où s'étaient enracinés « de fors buissons. »

Un contemporain confirme le triste état des lieux en racontant que « durant ledit temps a veu iceluy pays de Xaintonge, excepté les villes et forteresses, désert et inhabité mêmement ladite commanderie et durant qu'il estoit à Mournac a veu prendre les sangliers en icelle commanderie qui toute estoit en bois et buissons. »

Philippe de La Boissière fit réparer la maison et y installa son propre frère avec sa famille mais il préféra, quant à lui, aller résider à deux lieues de là, à Mornac, à l'abri de la forteresse. Le lieutenant de Mornac, qui était le commandeur de Bourgneuf, frère Bertrand Jameron, le chargea un jour de la garde de la tour, du haut de laquelle il tomba. Devenu infirme à la suite de cet accident, Philippe de La Boissière, déjà peu capable d'avance de défendre les intérêts de sa commanderie, en fut écarté en 1459, quelques années après la fin des guerres, au profit de frère Aimery Bonneau, homme énergique qui devait reprendre les choses en main. Il entreprit d'ailleurs immédiatement de récupérer les biens et droits dont s'étaient emparés diverses personnes profitant des troubles de la période passée, de l'absence de commandeur ou de l'incurie de Philippe de La Boissière. C'est ainsi qu'il engagea une longue procédure contre le seigneur de Rioux pour l'obliger à payer une rente annuelle de 20 livres que ses prédécesseurs avaient reconnu devoir à la commanderie en 1351 et 1360.

Dès son arrivée, frère Aimery Bonneau paraît avoir fait remettre en état la chapelle car il est dit, en 1460, qu'il y « est chacun jour fait bel et notable service divin. »

Le 3 janvier 1466, Jean, Robin et Catherine Barbes, frères et sœur, firent donation au commandeur Aimery Bonneau de tous leurs biens meubles et immeubles à charge de faire chanter chaque année dans la chapelle de la commanderie une messe de Requiem pour le salut de leurs âmes et de celles de leurs parents et amis.

Plusieurs actes témoignent de l'activité déployée par Aimery Bonneau pour remettre en valeur le patrimoine de la commanderie: en 1469, il baille huit aires de marais salants moyennant une rente annuelle de 15 sous; en 1470, il loue à Philippe Clouet, marchand, une maison avec ses dépendances située en la ville du Château-d'Oléron contre 25 sous de cens et rente annuels; en 1480, il baille une pièce de terre contenant un journal et demi située en la paroisse Notre-Dame du Château-d'Oléron. Malgré tous ces efforts, le Breuil-du-Pas restait de petite valeur, vers 1475, son revenu, charges déduites, était estimé à un peu plus de 8 écus. Les archives nous ont conservé le testament de frère Aimery Bonneau en date du 28 janvier 1492.

Epeaux



Domus Hospitalis Epeaux
Domus Hospitalis Epeaux


Sous son successeur, frère Pierre Seuillet, la commanderie du Breuil-du-Pas fut unie à celle des Epeaux ; elle devait le rester jusqu'à la Révolution.

Les commissaires qui ont effectué la visite de la commanderie des Epeaux, en 1565, rapportent qu'ils sont allés au « membre de Pas » où ils ont trouvé la chapelle « ruinée durant les troubles et ne s'y fait aucun service. » Ainsi, après la guerre de Cent Ans, les guerres de religion étaient, elles aussi, passées par le Breuil-du-Pas.

A la même date, le logis se composait « d'une chambre haulte joignant laquelle un grenier et au dessoubz des selliers. » Il y avait aussi une grange, une petite étable à brebis et « une fuie fort ancienne et pour la vieillesse n'y habite aucuns pigeons. » La commanderie possédait alors douze livres et demie de marais salants qui rapportaient chaque année 50 livres.

La visite de 1620 mentionne au « membre du Pas » une petite maison neuve, une grange menaçant ruine et une fuye ayant besoin de réparations; les visiteurs indiquent qu'ils ont vu « ung pan de muraille de la longueur de douze pieds et de la haulteur de six pieds que on nous a dit que d'encienneté cestoit une chapelle qui avoit esté audit lieu. »

Le Breuil-du-Pas n'est plus, désormais, qu'une métairie, c'est d'ailleurs ainsi qu'il est désigné dans une visite de 1673. A cette date, les bâtiments se composaient de la maison du métayer, en mauvais état, d'une grange en partie démolie, d'une porcherie et d'une bergerie. Il y avait aussi un four ayant besoin de réparations et un pigeonnier, découvert par le vent, où ne logeait aucun pigeon. Les visiteurs notent qu'on y voyait « des vestiges d'une chapelle desquelles il n'en reste qu'une partie de muraille. »

En 1683, près des mêmes constructions, les commissaires ont remarqué « quelques ruines d'une ancienne chapelle et de quelques autres bastimans. » Ils mentionnent l'existence de dix livres de marais salants bien entretenus.

La visite de 1690 fait état de nombreuses réparations effectuées sur tous les bâtiments. Le domaine était alors affermé 420 livres par an ; il comprenait, outre les constructions, 100 journaux de terres labourables, 9 journaux et demi de prés, quelques terrages et redevances en argent, froment et volailles.

Dans la visite de 1733, le Breuil-du-Pas est devenu « l'Hopitau », métairie comprenant 80 journaux de terres arables, 5 journaux de prés, possédant des cens, rentes et agrières. Les bâtiments se composaient du logis du métayer, d'un four à pain, d'une belle grange, de diverses autres constructions à usage agricole et d'un pigeonnier, le tout étant affermé 510 livres par an par le commandeur des Epeaux.

La même métairie du « Breuil-de-Pas ou l'Hôpital » était affermée 580 livres en 1755.

Ravagé et appauvri par les guerres et troubles successifs, le Breuil-du-Pas était ainsi passé progressivement, en trois siècles, du rang de commanderie à part entière, avec chapelle, à celui d'une simple exploitation rurale.

Le plan cadastral dressé en 1836 atteste la survivance d'une ferme appelée l'Hôpital, près du village du Pas, sur la section de Saujon dite le Breuil. Les pièces de terre qui l'entourent sont de vaste dimension, par opposition avec les nombreux petits champs en lanières constituant le reste du parcellaire.

Actuellement, le lieu porte le nom de l'Hôpiteau, on peut y voir des bâtiments relativement modernes et les ruines d'un édifice, peut-être une grange, qu'il est impossible de dater avec précision.
Sources: Les commanderies des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem — Anne-Maris Legras — Editions du CNRS — 1983


Civrac   (17)

Commanderie de Civrac
Charente-Maritime, arrondissement: Jonzac, canton et commune: Mirambeau - 17


Domus Hospitalis Civrac
Domus Hospitalis Civrac


Il faut attendre l'enquête pontificale de 1373 pour avoir quelques détails sur la composition du patrimoine de Civrac et faire, une fois de plus, le constat des ravages de la guerre de Cent Ans en Saintonge.

Le commandeur était, à l'époque, un frère prêtre de quarante ans environ, Guillaume Bordau. Vivaient avec lui, à Civrac, un autre frère prêtre, un clerc, un domestique et une servante. La commanderie avait deux dépendances : les maisons de la Lande-de-Lorignac et de Chierzac.

En 1373, la baillie de Civrac possédait trois moulins à eau et un moulin à vent ; ces moulins qui rapportaient autrefois annuellement 50 mesures de grain, appelées « salmatas » (ou saumes), ne procuraient plus aucun revenu « quia destructa propter guerras » La commanderie disposait aussi d'un moulin à tan (ad faciendum pulveres pro coriis preparandis) également détruit au cours des hostilités ce qui privait la maison d'une ressource de 20 livres par an. La mention de ce moulin permet d'avancer qu'il existait vraisemblablement dans la région, au XIVe siècle, une activité de tannerie.

L'enquête insiste sur le fait que presque tous les bâtiments de Civrac et de ses membres ont été ruinés par les guerres. C'est encore aux guerres que les témoins de 1373 attribuent, certainement avec quelque raison, l'affaiblissement considérable des autres revenus de la baillie de Civrac, revenus en argent d'abord, qui sont passés de 31 livres à 10 livres par an, en froment et en avoine ensuite, dont les nombres de setiers sont passés respectivement de 40 à 12 et de 140 à 40. La commanderie possédait des vignes qui produisaient au temps de la paix 12 tonneaux de vin chaque année. En 1373, à peine récolte-t-on un tonneau, ce qui signifie, quoique l'enquête ne le précise pas, que les vignes sont presque totalement abandonnées. Le paiement des cens et rentes en chapons et poules connaît les mêmes difficultés : il est passé de 105 unités à 25. La commanderie ne perçoit plus les rentes en châtaignes qui atteignaient autrefois 14 boisseaux par an.

Ces informations catastrophiques sur l'économie des commanderies, qui reviennent inlassablement, peuvent paraître répétitives, elles n'en sont pas moins le reflet de la dure réalité vécue par les exploitations rurales et seigneuriales pendant les longues années d'hostilités ouvertes, ou simplement d'insécurité. Civrac, comme beaucoup d'autres petites commanderies, ne devait jamais se relever de cet anéantissement.

Dès la fin de la guerre, les Hospitaliers regroupèrent Civrac et deux commanderies voisines, sorties tout aussi ruinées de cette triste période, Bussac et Le Deffend, pour former une baillie capable de survivre et d'entreprendre la reconstruction de l'économie. Vers 1475, le revenu global de ces trois commanderies, charges déduites, s'élevait modestement à 43 écus. Avant 1479, toutes trois allaient perdre leur rang de commanderie pour devenir de simples membres de la commanderie des Épeaux.

La chapelle de Civrac, qui avait survécu à la désolation, encore que l'on ignore son état à l'issue de la guerre de Cent Ans, ne fut épargnée ni par les révoltes de la gabelle ni par les guerres de religion. La visite prieurale de 1565 rapporte, en effet, que tout y avait été « rompu du temps des troubles et la cloche emportée du temps des gabelles ». Depuis, les portes avaient été refaites à neuf ; mais il ne s'y célébrait aucun office. Les autres bâtiments de Civrac comprenaient alors un « logis composé d'une salle basse ou il y a quelques vieilh meubles de peu de valleur ; joignant icelle, une cuisine et ung celier et au-dessus une chambre joignant icelle, un arpentif qui sert de grenier et estude, en laquelle chambre avons veu deux lits, table, banc et ung buffet, le tout de peu de valleur ». A côté du logis s'élevaient une grange, refaite à neuf, une étable et « une fuye (pigeonnier) laquelle avons veue reblanchie et racoustrée de nouveau ». De la maison dépendaient des prés, champs, vignes et une garenne.

La chapelle et la maison sont dites « ruyneuses » par les visiteurs de 1620. En 1673, le jugement est un peu moins sévère : il est vrai que la chapelle venait d'être recouverte et que le sol avait été carrelé devant l'autel. Les fenêtres avaient été pourvues de vitres, sauf celle au-dessus de la porte. Le logis comptait alors « quatre chambres, sçavoir deux basses et deux haultes, dont les murailles, charpantes et couvertures sont faites a neuf ». Il y avait aussi un four, en bon état, mais la fuye (pigeonnier) dont la couverture était abîmée, n'abritait aucun pigeon.

Quelques années après, en 1690, les visiteurs confirment le bon état de la chapelle et mentionnent au-dessus de l'autel « un grand tableau représentant Nostre Seigneur en l'arbre de la Croix ». Le curé de la paroisse de Saint-Martin-du-Petit-Niort venait y célébrer la messe le lundi de Pâques et quatre autres fois dans l'année pour « les quatre festes de saint Jean, patron de ladite église » ; pour ce faire, on lui laissait le produit de la dîme. La maison du fermier avait été agrandie et le pigeonnier recouvert à neuf, mais il n'y logeait « aucuns pigeons parce que les gens de guerre quy passent souvant les tirent ». La justice était régulièrement exercée par un juge et l'on voyait, près de la chapelle, « deux grands pilliers de pierre quy marque les fourches patibullaires ». Le domaine comprenait un pré « a amasser quatre chartées de foin », un champ, un petit bois appelé la Garenne avec quelques petites pièces de terre autour, une vigne abandonnée, et environ 15 journaux de bois en taillis. Le tout était affermé par le commandeur des Épeaux 440 livres.

Les visiteurs de 1716 constatent le bon état de la chapelle qui a été « grifonnée (Enduite de mortier) de nouveau, tant au dedans qu'au dherors ». Au-dessus de l'autel, un grand tableau représentant « Saint Jean, la Sainte Vierge et la Magdelaine... qui nous a paru fait despuis peu » a remplacé celui du Christ en croix. Il est dit que le choeur est éclairé par trois ouvertures, une grande et deux plus petites, situées au-dessus de l'autel. Cette disposition laisse supposer un chevet plat percé d'un triplet comme dans de nombreuses autres chapelles construites par le Temple.

On sait, par un document de 1769, que la chapelle de Civrac mesurait, à l'intérieur, 56 pieds de long sur 17 de large, soit environ 18 m sur 5,60 m.
Le grand-prieur d'Aquitaine payait, en 1718, 12 livres au prêtre qui venait célébrer quatre messes, chaque année.

La visite de 1733 n'apporte que peu d'informations nouvelles sur la chapelle, toujours en bon état, les commissaires remarquent cependant qu'elle ne possédait ni clocher, ni cloche.

En 1755, il est mentionné que la fermière du lieu gardait chez elle les ornements et vases sacrés de la chapelle « pour plus grande sûreté ». Le montant de la ferme était alors de 750 livres, plus la charge de la desserte de la chapelle.

On peut voir, sur la feuille du cadastre de 1825 représentant la partie de la commune de Mirambeau dénommée « Sivrac », un lieu-dit la Commanderie, où sept pièces de terres de grandes dimensions composent un vaste ensemble qui contraste avec les nombreux petits champs en lanières qui l'entourent. A cet endroit qui fut, autrefois, le terroir de la commanderie, le même cadastre indique un bâtiment rectangulaire, orienté en longueur est-ouest, qui pourrait être la chapelle ; mais il ne s'agit là que d'une hypothèse, ce bâtiment pouvant tout aussi bien être une grange.

On sait par contre, avec certitude, que la chapelle n'existait plus dans les années 1860, mais l'endroit où elle s'élevait, entre « Civrac » et « la Ville », était encore connu (P.-D. Rainguet, Études historiques, littéraires et scientifiques sur l'arrondissement de Jonzac, Jonzac et Saint-Fort-sur-Gironde, 1864, p. 265).

Aucune trace de construction ne subsiste à l'emplacement de la commanderie de Civrac, aujourd'hui recouvert par des vignes. Il ne reste que le toponyme « La Commanderie » pour en perpétuer le souvenir. En labourant à cet endroit, des agriculteurs ont mis à jour, il y a une trentaine d'années, plusieurs sarcophages de pierre contenant des ossements. Seule la cuve de l'un d'entre eux, de forme légèrement trapézoïdale, est encore visible dans une pâture voisine où elle sert d'abreuvoir.
Sources : Les commanderies des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem - Anne-Maris Legras - Editions du CNRS - 1983

Juillet 1691
Monsieur Barraud avait obtenu la charge de Greffier de la Commanderie de Civrac. Elle lui fut confiée en ces termes: « Nous messire Gabriel Thibaud de la Carte, chevalier de l'ordre Saint Jean de Hiérusalem, seigneur Commandeur des Commanderies des Epaux, Civrac, Loudun, Moullina membres et annexes en dépendant, estant suffisamment informé de la religion Catholique apostolique et romaine de Me Claude Barraud, praticien, demeurant en la Juridiction de la dite Commanderie de Civrac, de ses suffisantes capacité et expérience à exercice de greffe, à ces causes et autres à ce nous mouvant, avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes signées de nostre main, scellées de nostre cachet, l'estat et office de Greffier de notre dite Commanderie de Civrac..... Pour en jouyr par le dit Barraud tant qu'il nous plaira aux honneurs, droits, profits, revenus et esmollumans quy en dépendent suivant les ordonnances et statuts du dit...... Commandons à nos tenanciers du dit Civrac..... recognoistre le dit Barraud pour tel. Commandons au Juge de notre Commanderie de Civrac de prendre et recevoir le sermant du dit Barraud en tel cas requis et ce fait, le recevoir et installer au dit estat et office de greffier de nostre dite Commanderie de Civrac. Fait en notre Commanderie des Espaux, le onziesme Juillet mil six cent quatre-vingt-onze.
Belliard, Victor. Nieuil-le-Virouil : souvenirs du temps passé, page 76-76. Javarzay-Chef-Boutonne 1903. BNF


Rochelle (La)   (17)

Commanderie de La Rochelle
Département: Charente-Maritime, Arrondissement et Canton: La Rochelle — 17


Commanderie de La Rochelle
Commanderie de La Rochelle


— Ecclesia parochialis Sancti Johannis de Peroto.
— Saint-Jean-du-Pérot était un bénéfice de l'Ordre de Malte, avec prieuré et commanderie; aujourd'hui c'est une cure de deuxième classe, doyenné de Saint-Sauveur.

— Le titulaire devait à l'évêque en visite 10 livres 10 sous pour procuration.
— L'église actuelle n'offre rien de remarquable; elle est reconstruite sur les ruines de l'ancienne, détruite par les protestants au XVIe siècle.
Sources: M L.-L. Lacurie. Société française pour la conservation et la description des monuments historiques, page 41. Paris 1853 — Bnf

Actes concernant la commanderie de La Rochelle
1139 — Eléonore, reine de France et duchesse d'Aquitaine, donne aux templiers de la Rochelle quelques maisons et les moulins de cette ville, et exempte leurs biens de toute taille et autre impôt. (Manuscrits de M. Jaillot supérieur de l'Oratoire de la Rochelle, Tome 25, page 287.

1188 — Don fait au temple de la Rochelle par Richard, duc d'Aquitaine et comte de Poitou, de quelques maison et héritages situés à la Rochelle et aux environs. (Commanderie du temple de la Rochelle.) Tome 25, page 291.

1189 — Richard, roi d'Angleterre, confirme tous les dons et privilèges que Henri II son père et Aliénor sa mère avaient accordés aux templiers de la Rochelle. (Commanderie du temple de la Rochelle.) Tome 25, page 295.

Vers 1189 — Othon, duc d'Aquitaine et comte de Poitou, donne et confirme aux templiers-de la Rochelle les moulins de cette ville. (Commanderie du temple de la Rochelle.) Tome 25, page 293.

1190, 20 février — Le même duc d'Aquitaine confirme aux templiers de la Rochelle, toutes leurs possessions, et en particulier le don qui leur avait été fait des moulins de cette ville. (Commanderie du temple de la Rochelle.) Tome 25, page 297.

1190, 10 juillet — Richard, roi d'Angleterre, duc de Normandie et d'Aquitaine et comte d'Anjou, confirme les dons qui avaient été faits au temple de la Rochelle par Eléonore sa mère. (Commanderie du temple de la Rochelle.) Tome 25, page 299.
Sources: Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest. Tables des manuscrits de D. Fonteneau, Poitiers, Paris 1839. (Livre numérique Google)

1203. 10 juillet — Le recueil des lettres patentes de Duffus-Hardy contient des lettres que le roi Jean d'Angleterre adressait de Rouen, le 10 juillet 1203, à son Sénéchal du Poitou et ainsi conçues: (Sachez que nous avons cédé aux frères de la milice du Temple (les Templiers) de la Rochelle le cours d'eau appelé la Besse de la Reine, en échange du cours d'eau que nous avons enlevé à leurs moulins du Perroc pour les fortifications de notre ville de la Rochelle. En conséquence nous vous mandons, si vous et nos fidèles bourgeois de la Rochelle êtes d'avis que cela nous soit avantageux, de mettre sans délai les dits frères en possession du cours d'eau de la Besse en échange de l'autre. »

C'est vers cette époque que nos chroniqueurs fixent l'annexion à la ville du faubourg, ou plutôt de l'ile du Perroc ou Perrot, qui est devenu le quartier de Saint-Jean, et la construction de la muraille qui reliait ce quartier a l'enceinte murée de la ville. Le cours d'eau venant de Lafons et sur lequel les Templiers avaient établi des moulins à eau, passant au pied de cette muraille, formait une douve naturelle, dont le monarque anglais avait trouvé commode de s'emparer, et il leur abandonnait en compensation la besse de la reine, nommée depuis canal de la Verdière, où ils reportèrent leurs moulins du Perrot. — V. T. Ier page 471 et page 108.

1682. 23 juillet — A cette date fut commencé par Gab. Dauvet des Marets, chevalier de l'ordre de saint Jean-de-Jérusalem, grand prieur d'Aquitaine, un état des lieux dépendant de la commanderie du Temple de la Rochelle. Une copie de ce procès-verbal existe aux archives de la préfecture. On y remarque qu'on entrait dans la commanderie, du côté de la rue du Temple, par un porche, surmonté d'une niche magnifiquement sculptée, où devait être placée une statue de saint Jean-Baptiste; que la chapelle avait été bâtie sur l'emplacement de l'ancienne, vers 1670, par Alex. Bernard de Loménie, commandeur de Brienne, qui, au mois de juin de la même année, avait passé avec les Augustins un traité par lequel ces religieux s'engageaient à y célébrer une messe basse chaque jour de la semaine, et une grande messe solennelle le jour de la fête de saint Jean Baptiste. (Min. de Demontreau). Le procès-verbal, après avoir donné la description des bâtiments et corps de logis dépendant Je la commanderie, parle de la halle couverte, construite dans la cour du Temple et où on vendait particulièrement de la volaille et du lard frais, et aussi du moulin à eau de Maubec, appartenant à la commanderie et consistant en un bâtiment d'environ 40 pieds de long, qui s'appuyait par l'une de ses extrémités à l'église de Saint-Sauveur, et dans lequel était deux meules que la mer faisait mouvoir à l'aide d'écluses. Ce moulin est ainsi confronté dans un terrier de la commanderie de 1689: de l'orient au chenal de Maubec, de l'occident au pont Saint-Sauveur, du midi à la maison de la Croix-Verte, et du septentrion à l'église de Saint-Sauveur et joignant immédiatement une ancienne porte de la ville. Cette ancienne porte ne pouvait être la vieille porte de Maubec, qui ouvrait dans la rue de la Ferté, derrière l'église Saint-Sauveur; détail une porte placée entre l'église et le canal et qui conduisait autrefois dans un vaste terrain marécageux qu'on appelait la prée de Maubec, et plus tard, dans le quartier de la ville neuve, qui fut bâti sui cet emplacement.

1691. 3 octobre — Un règlement de police à cette date, après avoir prescrit aux maîtres-gardes des bouchers de visiter avec soin les bestiaux tués par ceux-ci, fait défense à tous bouchers de vendre aucune viande ailleurs que dans la grande boucherie, dans celles du Temple et du Perrot, sous peine de 20 livres d'amende et de la confiscation de la viande. (Registre de la commue administrative). Cette dernière boucherie était située dans la rue de Saint-Jean, à peu près vis à vis l'église des Carmes.

1697, 9 septembre — Le pont de la Gourbeille, jeté sur le canal de la Verdière, qui n'était pas alors voûté, se trouvait à l'endroit où est actuellement l'embouchure de l'écluse qui déverse ses eaux dans le port. Les chambres aisées du Pérot, dont il est question dans un titre de 1352, devaient comprendre et les latrines du pont de la Gourbeille et celles qui se trouvaient à côté, mais plus rapprochées de la grosse horloge, et désignées dans un acte de 1434 sous le nom de privées ou aysements communs et publiques. Il est aussi parlé dans un acte de vente de 1387 et sur le papier foncier de la commanderie du Temple de 1609, des privez commungs du pont de Saint-Sauveur. Encore un point de propreté de décence et de salubrité sur lequel nos aïeux pourraient nous servir d'exemple.

1794. — Etablissement par la municipalité dans la vieille commanderie du temple de deux fours banaux, auxquels il serait libre à chaque citoyen d'aller faire cuire son pain. (Registre des délibérations).

1797. I Mars. — Le corps de ville, « considérant l'état de vétusté de la petite halle du temple qui menace ruine; » charge l'architecte de la Ville de dresser un procès-Verbal qui sera envoyé à l'administration départementale pour en obtenir la démolition. (Registre des délibérations)

Il est parlé pour la première fois de cette halle par l'analyste Conain, qui dit qu'en 1588 on fit nettoyer la place du temple, (où estoit bastye une halle avec plusieurs loges toutes couvertes de tuiles, pour y tenir le marché du pain, des chairs de pourceau, de la poulaillerie, etc. » Il résulte de lettres-patentes de Louis XIV, du 30 juillet 1649, que, pendant les troubles religieux de la seconde moitié du XVIe siècle, les magistrats municipaux, s'emparant des biens des hospitaliers de Jérusalem, comme des autres communautés religieuses, avaient fait construire cette halle sur une partie de l'emplacement de leur ancienne église. Après le siège de 1628, la confiscation des biens de la commune l'avait fait passer dans le domaine royal. Se fondant sur la déclaration de Louis XIII, qui restituait aux ecclésiastiques et religieux les biens usurpés à leur préjudice par l'ancienne commune, le commandeur du Temple de la Rochelle avait réclamé la réunion au domaine de la commanderie « des étaux de boucherie, des halles et poulaillerye »; ce qui lui avait été accordé. (Archives du greffe.) Ces échoppes et étaux furent ensuite arrentés à différents particuliers et servirent plus spécialement à la vente du pain apporté par les boulangers de la banlieue. On lit sur un état de lieu dressé en 1683: « les halles (du Temple) sont en charpente avec cinq travées, sans les apans élevés sur ponteaux. Il y existe neuf échoppes appartenant à divers particuliers, qui paient rente à la commanderie. »
Sources: Ephémérides historiques de la Rochelle. Avec un plan de cette ville en 1685 et une gravure sur bois représentant le sceau primitif de son ancienne commune: Par J.-B.-E. J. Tome II. La Rochelle MDCCCLXXI. (Livre numérique Google)

Domaines de l'Hôpital de La Rochelle
Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Lagord, Commune: Esnandes - 17


Domaines de l'Hôpital de La Rochelle
Localisation: Domaines de l'Hôpital de La Rochelle


La commanderie du Temple de La Rochelle possédait des biens et un hébergement à Esnandes, mentionnés en 1369.

Les archives du Temple de La Rochelle signalent une donation faite en 1287 par Pernelle Archambauld, d'Esnandes, femme de Raoul Lugier, de tous ses biens, à condition qu'elle en conservera l'usufruit. Cependant cette donation ne paraît pas avoir été faite aux Templiers, mais aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.
Jean-Claude Bonnin - Les Templiers de La Rochelle. La commanderie, la chapelle, les fiefs, seigneureries et maisons templières. La Rochelle : J.-C. Bonnin. 2005


Secheboue   (17)

Commanderie de Sécheboue
Département: Charente-Maritime, Arrondissement: La Rochelle, Canton: Aytré, Commune: Chives - 17


Commanderie de Sécheboue
Commanderie de Sécheboue


Commanderie de Sécheboue
A Angoulins existait autrefois, sur le bord de la mer, la commanderie de Sécheboue, appartenant à l'ordre de Malte le prieuré de Sain-Jean-du-Sable, prioratus Sancti Johannis de Sabulo, annexé à la pitancerie de l'abbaye de Sant-Jean-d'Angeli et le prieuré de l'Isleau Beata Maria de Lilleto, dépendant du chapitre de Tulle.

Une charte de 1092 écrit Islel ; le donjon, oppidium liletti fut rasé par Guillaume, duc d'Aquitaine après la prise de Châtellaillon, en 1131.
Sources: M L.-L. Lacurie. Société française pour la conservation et la description des monuments historiques, page 41. Paris 1853 — Bnf

Angoulins
— A l'Est de La Rochelle.
— Eglise fortifiée du XIe siècle
— Vestiges de la commanderies de Malte de Sécheboue.
Sources: Adolphe Joanne, Géographie de la Charente-Intérieure. Paris Hachette 1881


Thairé   (17)

Commanderie de Thairé
Département: Charente-Maritime, Arrondissement et Canton: La Rochelle - 17


Domus Hospitalis Thairé
Domus Hospitalis Thairé


L’Exploitation seigneuriale au XVIIIe siècle dans la commanderie de Thairé-d’Aunis
Résumé
Dans une paroisse de l’Aunis, Thairé, les Chevaliers de Malte possédaient une commanderie dont une importante partie était tenue par un vassal, le seigneur de Dirac.

Par l’établissement, à intervalles plus ou moins réguliers, de papiers terriers, le Commandeur se bornait à la défense de ses droits seigneuriaux. C’est la bourgeoisie du village ou de la ville voisine, La Rochelle, qui, détenant la majeure partie des tenures, tirait le profit de l’exploitation du sol à l’aide de journaliers.

Au contraire, les seigneurs vassaux veillaient personnellement à l’exploitation de leur domaine. L’un d’eux, au milieu du XVIIIe siècle, fera preuve d’un remarquable esprit d’entreprise en faisant assécher en quelques mois cent vingt hectares de marais pour y fonder deux nouvelles métairies.

A la veille de la Révolution ce sont des intendants qui géreront le domaine déserté par le dernier seigneur de Dirac.

Thairé-d’Aunis était une paroisse mouvante de la châtellenie de Rochefort-sur-Charente. Elle s’étendait sur le versant sud de l’anticlinal qui sépare le marais poitevin des marais littoraux de l’Aunis.
Une population d’environ 800 habitants se répartissait en de rares fermes, métairies ou « cabanes », en un hameau : La Fondelaye ; en un village : Mortagne la Vieille ; en un bourg : Thairé-d’Aunis.

La commanderie de Thairé-d’Aunis
Ce domaine appartenait aux Chevaliers de Malte, héritiers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem à qui avaient été dévolus les biens des Templiers, lors de l’abolition de cet ordre.

Aux archives départementales de La Rochelle est déposé un terrier, avec plans coloriés, qui a été établi en 1785 (1). Il apporte des précisions sur l’étendue des terres relevant directement de la commanderie, sur celles relevant de seigneuries vassales, sur le parcellaire, la nature des cultures, les bâtiments d’exploitation, les habitats et enfin sur les redevances seigneuriales et les devoirs des vassaux. Des fragments d’un papier terrier précédent permettent d’utiles comparaisons (2).

étendue du domaine
Les fiefs dont la Commanderie avait perdu la seigneurie utile pour ne conserver que la directe, avec les droits honorifiques qui y étaient attachés, ne sont pas représentés sur les plans qui accompagnent le terrier. De ce fait, la mouvance de la seigneurie ne peut être délimitée avec exactitude. Il serait d’ailleurs vain d’en rechercher les limites précises puisque les auteurs du terrier reconnaissent eux-mêmes (3) : « Il est certain que beaucoup de domaines se trouvent hors de la possession de la commanderie. »

La récapitulation des surfaces des différentes tenures figurant sur les plans donne environ 250 hectares. Certains indices permettent d’estimer que les fiefs en possession des seigneurs vassaux devaient dépasser cette quantité.

Le parcellaire
Ne s’accommodant pas d’un paysage bocager, les vignes s’étendaient en openfield, en parcelles de faible étendue, de formes géométriques généralement rectangulaires. A l’ouest, dans la vallée humide d’un petit ruisseau, le Pontreau, le bocage s’établissait en petites parcelles aux formes sinueuses.

Les cultures
Le terrier montre la place prépondérante de la culture de la vigne.
Il faut noter l’absence de fermes ou de métairies. Le moulin à eau du Pontreau est le seul écart qu’on puisse mentionner. Dans certains fiefs, les tenanciers étaient tenus de cultiver la vigne à l’exclusion de tout autre production. Le terrier, à propos du Fief-le-Roy, précise : « Ce canton est sujet au septein des fruits y croissant pour droits de terrage et de complant dus (....) à chaque levée de récolte annuelle et sans chaumage, comme nature de fief de vigne ou la culture doit être permanente. »

Les bâtiments d’exploitation
C’est dans le bourg même de Thairé que se trouvaient les bâtiments d’exploitation et les habitats. Une feuille du terrier donne le plan détaillé du village, très resserré sur lui-même, aux ruelles tortueuses, aboutissant à des queureux, c’est-à-dire à des cours communes autour desquelles se distribuaient les habitats. Les bâtiments d’exploitation agricole, très rares, comportaient essentiellement des chais pour loger les récoltes de vin et les bâtiments annexes nécessaires à la vinification et à la distillation, ou bien encore des écuries pour les chevaux utilisés pour les transports, plus comme bêtes de somme que comme animaux de trait.
Laissant de côté les logements attachés aux bâtiments d’exploitation, domicile de ceux que le terrier qualifie de marchand ou de sieur, attardons-nous aux habitats où vivait la classe la plus nombreuse, celle des « laboureurs à bras. » Ce terme désigne les journaliers travaillant à la culture de la vigne qui s’effectuait alors exclusivement à la main. Leur logement ne comportait généralement qu’une pièce où la famille vivait pêle-mêle avec quelques animaux domestiques. Un rapport très circonstancié d’un médecin, chargé d’enquêter sur une maladie épidémique qui avait décimé la population au milieu du XVIIIe siècle fournit les détails réalistes sur l’inconfort, le manque total d’hygiène et la grande misère qui régnaient en ces « tanières » (4).

Les tenanciers
La distinction que nous venons d’établir entre les rares logements joints aux bâtiments d’exploitation et les nombreux taudis des laboureurs à bras, témoigne d’une inégalité dans la distribution des tenures.

Quelques bourgeois de Thairé, ou des bourgeois rochelais ayant dans le village une résidence secondaire, détenaient la plupart des terres accensées. Cependant, il convient de noter que la majorité des laboureurs à bras, malgré leur dénuement, possédaient quelques lopins de terres ou d’ouches où, mettant à profit les temps morts de la culture de la vigne, ils tiraient une partie de la subsistance de leur famille.

Les redevances seigneuriales
Les cens et terrages n’étaient pas uniformes. On est frappé par la diversité de la nature de ces redevances et par la disparité des taux, même pour des parcelles voisines ; elles étaient payables, tantôt en espèces, tantôt en nature, parfois en espèces et en nature. Pour la vigne, le complant était généralement du sixième ou du septième des fruits. Certaines tenures franches de fruits n’étaient soumises qu’à un cens léger en argent. Dans un préambule, les auteurs du terrier constatent qu’il n’y a aucune base pour fixer les droits de la commanderie. A défaut du premier terrier dont ils ne connaissent pas l’origine, ils s’appuient pour vérifier les déclarations des tenanciers sur le plus ancien en leur possession, celui de 1654.

Le rôle de la commanderie dans l’exploitation des terres.
Il apparaît, d’après le terrier, que le rôle de la commanderie dans l’exploitation du domaine était purement passif, se bornant à la perception des cens, terrages et complants et à l’établissement, à intervalles plus ou moins réguliers, de papiers terriers pour asseoir ses droits, les défendre et au besoin les améliorer. Une fois le terrier arrêté, le commandeur n’était plus représenté que par un mandataire remplissant les fonctions de receveur d’un lointain bénéficiaire.

C’est la bourgeoisie, tant villageoise qu’urbaine, qui, possédant la majeure partie des tenures, les exploitait et tirait le profit du domaine en faisant cultiver la vigne par une main-d’œuvre salariée, chichement payée, celle des laboureurs à bras.

La châtellenie de Dirac
Avec la châtellenie de Dirac, apparaît un autre aspect de l’exploitation des domaines où les seigneurs jouaient un rôle plus actif.

Ce domaine était tenu depuis le XVIe siècle pour une famille de Saint-Georges dont plusieurs représentants à Thairé ont porté le titre de comte. Un descendant, à la fin du XVIIIe siècle, fera ériger cette terre au rang de marquisat.

Cette famille possédait de nombreuses seigneuries en Aunis et Saintonge et notamment celle de Saint-Vivien dans une paroisse voisine. Dans cette étude ne sera retenue que l’exploitation des terres de Thairé.

Lors de l’établissement du terrier de 1785, le marquis de Dirac avait refusé de fournir, non seulement le dénombrement des domaines qu’il tenait à foi et hommage lige, mais aussi les déclarations des tenures roturières. Dans les observations qui accompagnent le terrier il est précisé : « Le marquis de Dirac paraissait en 1785 vouloir s’affranchir de toute vassalité envers la commanderie et il n’avait voulu fournir aucun titre, aucune déclaration pour l’établissement du nouveau terrier », pour pallier cette carence, le terrier rappelle le dénombrement qui avait été rendu dans un terrier précédent.

Ce dénombrement comprenait :
— la châtellenie de Dirac, tenue « à foy et hommage lige, au devoir d’un marc d’argent à muance de seigneur, et au tiers d’yceluy à muance de vassal »
— les fiefs du moulin de Dirac.
— le fief de dessus la Cour.
— le fief des Vieilles-Boinotes.
— le fief Jarry.
— les fiefs de l’Houé.
— le tiers des fiefs de la Grande et de la Petite Couture.
— le tiers du fief de Thairé.
— la Collinerie.
— le tiers de la Halle.

A titre roturier le seigneur de Dirac détenait d’autres pièces de vignes dans le domaine de la commanderie, dont 7 hectares d’un seul tenant au fief Bouribeau.

Enfin, au Sud de la paroisse de Thairé s’étendait un marais de 120 hectares, appelé le fief des Arennes, mouvant de la seigneurie de Voutron et tenu à foi et hommage lige au devoir d’un lévrier blanc. Ce fief jouxtait aussi la seigneurie de Saint-Vivien appartenant aux Saint-Georges.

A quelle date et en quelles circonstances les Templiers ou les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ont-ils été amenés à concéder la vassalité de la terre de Dirac et des autres fiefs ? Le caractère archaïque de certains devoirs autorise à remonter à une période assez haute : tel le devoir d’une maille d’or apprécié 22 sols 6 deniers à muance d’homme, dont étaient chargés les fiefs de l’Houé, etc. (6), qui laisse supposer que l’inféodation remonte au XIVe siècle (7).
Comment se présente l’exploitation des domaines tenus par les seigneurs de Dirac ?

Une partie des terres échappait à l’exploitation directe : ce sont celles des tenanciers. L’absence de papier terrier de la châtellenie de Dirac ne permet pas d’en apprécier l’importance, mais le dépouillement du registre du contrôle des actes (8) révèle un nombre non négligeable de déclarations de censitaires.

A l’instar des bourgeois, les Saint-Georges exploitaient directement leur domaine libre. Bien des faits le prouvent, notamment les terres tenues roturièrement dans le domaine direct de la Commanderie. En outre, le témoignage d’une exploitation à grande échelle nous est apporté par l’inventaire dressé lors de la vente du château de Dirac comme bien national (9).
Dans les servitudes, les bâtiments réservés à l’exploitation vinicole comportaient : deux grands chais avec pressoirs et treuil à « fût », deux grands foudres de bois (....) contenant 350 barriques, une cave voûtée, une brûlerie propre à placer quatre chaudières, un timbre (10) en pierre, doublé de plomb, contenant 53 barriques servant à remplir les pipes des chaudières, etc.

Enfin les registres paroissiaux (11) livrent les noms et les professions des personnes attachées au service des Saint-Georges : on y relève des intendants, des hommes d’affaires (surtout à la fin du XVIIIe siècle), mais pas de domestiques agricoles gagés ou de métayers. Les Saint-Georges, comme les bourgeois, utilisaient des laboureurs à bras, payés à la journée ou à la tâche.

Au début du XVIIIe siècle les seigneurs de Saint-Georges gèrent personnellement leurs terres. L’un d’eux, le comte Hector de Saint-Georges a fait preuve d’un esprit d’entreprise remarquable en procédant, en 1739, à l’assèchement du fief des Arennes, marais couvrant 120 hectares. Sept lettres permettent de suivre l’exécution de ce travail (12).

Au préalable, il lui fallait obtenir un arrêt du Conseil d’état pour mettre fin à une longue procédure qui avait opposé le seigneur de Voutron aux ancêtres des Saint-Georges, et aussi « l’inertie des bureaux » c’est-à-dire les lenteurs administratives. Il s’y emploie avec bonheur. Bien en cour, il fait des démarches personnelles auprès du Chancelier et auprès du contrôleur général, M. d’Ormesson.

Le 13 mai il expose ses projets dans une lettre à M. de Barentin, intendant de la généralité de La Rochelle : « Il conviendrait que tout puisse être consommé au commencement de juin ; je ferai incontinent rendre sur place les matériaux (...). Je compte employer deux cents hommes, au moyen de quoi, tout pourra être fini le 1er novembre »

Dans une autre lettre, il morigène son notaire qui a fait preuve de négligence, en des termes qui évoquent le vers de Molière : « Comme en termes galants ces choses-là sont dites. »

Le 24 octobre, à 4 heures du matin, il écrit à M. de Barentin : « J’aurais besoin que ce jour fût de 60 heures (...) mon écluse est finie ; nous enverrons l’eau douce à l’Océan ; on commencera à labourer lundi ; mes colons emménagent aujourd’hui. »

Selon un commentateur de la coutume de La Rochelle, un seigneur ne déroge pas en cultivant ses terres. Certes Hector de Saint-Georges, qui fut un grand seigneur, n’a pas dérogé en s’occupant de l’exploitation de son domaine. A travers ses lettres, nous voyons apparaître un fin lettré (il cite Horace), un seigneur bien en cour et un homme d’action. On s’émerveille de voir que, en quelques mois, 120 hectares de marais ont été asséchés par le creusement de canaux et de fossés, qu’une écluse a été construite pour régulariser le cours de l’eau, que des ponts et deux métairies ont été édifiés et les terres ensemencées. Veillant aux moindres détails, on comprend que le comte ait exprimé le souhait que les journées fussent de 60 heures et formulé le désir de mettre sa tête « à l’ombre de ses charmilles, à la fraîcheur de ses fontaines. »

Il y aurait beaucoup à dire sur son petit-fils, le marquis de Dirac, capitaine au régiment de Royal-Cavalerie. A 25 ans il est si couvert de dettes que son père, pour sauvegarder le patrimoine familial, fera établir un testament en « substitution »

A la fin du XVIIIe siècle, ce sont des intendants et des fermiers généraux, ces derniers choisis généralement parmi les bourgeois de Thairé, qui gèrent le domaine. Sous la Révolution, les procès-verbaux dressés lors de l’adjudication du fermage du domaine montrent des bâtiments et du matériel en mauvais état. Enfin, le fait que les fermiers généraux, qui appartenaient à la bourgeoisie locale, aient acquis des terres lors de leur vente comme biens nationaux, prouve bien que, à la fin du XVIIIe siècle, le véritable profit de l’exploitation des terres seigneuriales des Saint-Georges avait été accaparé par les bourgeois.

A Thairé, tout au long du XVIIIe siècle, on assiste à une main mise progressive de cette bourgeoisie sur l’exploitation des terres, soit par exploitation directe, soit en affermant les revenus des terres seigneuriales. La culture de la vigne facilitait, par ailleurs, leur entreprise.
Sources : GABET Camille. Actes du 93e Congrès national des sociétés savantes : Tours, 1968. Section d’histoire moderne et contemporaine. Agriculture, industrie, commerce, études diverses, tome III, pages 15 à 22. Tours 1968. BNF

Vous pouvez voir sur le site des Archives départementale de Charente-Maritime, le terrier de Thairé

Notes
Sur la carte de l’IGN, il y a une du Temple à Thairé, est-ce une rue qui représente l’ordre du Temple ?
1. Archives départementale de Charente-Maritime, E 7 ; Terrier de la commanderie de Bourneuf et Thairé, grand in-folio, 1058 pages et 73 plans coloriés, dont 304 pages et 17 plans pour Thairé.
2. Archives départementale Charente-Maritime, E 8; Terrier de la commanderie de Thairé, in-folio 52 feuillets papier.
3. Terrier de 1785, opuscule cité, note sur le fief du Bois-des-Mottes de Bouribeau.
4. Archives départementales Charente-Maritime, D 12, folio 36 : rapport du médecin Destraydieux en date du 26 décembre 1771.
6. Terrier.
7. Les mailles furent frappées de 1308 à 1411.
8. Archives départementales de Charente-Maritime, C 5046-5047 : contrôle des actes des notaires et écritures privées, bureau de Thairé, 1712-1715.
9. Archives départementales de Charente-Maritime, Q 107, 5e registre, 2e affiche.
10. Timbre : bassin taillé dans la pierre ; très commun en Aunis et Saintonge.
11. Archives départementales de Charente-Maritime, registres paroissiaux de Thairé, années 1772, 1774, 1777, 1778.
12. Archives départementales de Charente-Maritime, C 175 : Intendance, marais de Vourron : lettres du seigneur de Saint-Georges (7 pièces).


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