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Département de la Dordogne

Bonnefare   (24)

Commanderie de Bonnefare
Département: Dordogne, Arrondissement: Bergerac, Canton: Vélines, Commune: Saint-Michel-de-Montaigne — 24


Commanderie de Bonnefare
Commanderie de Bonnefare


Les petits bourgs de Bonnefare et de Saint-Avit de Fumadière, situés sur les confins des deux diocèses de Bordeaux et Périgueux, formaient un petit établissement de l'Ordre de Saint-Jean. Les Hospitaliers, seigneurs spirituels et directs de ces deux localités étaient, à cause de cela, tenus à l'hommage envers les archevêques de Bordeaux. Cette petite Commanderie ne cessa d'exister qu'au commencement du XVIe siècle, époque où elle fut réunie à celle de Condat. La seule particularité que nous trouvions à noter dans ses archives est la saisie des fruits de Bonnefare et de Saint-Avit que fit opérer l'archevêque de Bordeaux pour punir le Commandeur de ne s'être pas acquitté, dans le délai voulu, de l'hommage auquel il était obligé, ainsi que nous l'avons vu tout à l'heure (1634).
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Comberanche   (24)

Commanderie de Comberanche
Département: Dordogne, Arrondissement: Périgueux, Canton: Ribérac — 24


Commanderie de Comberanche
Commanderie de Comberanche


La commanderie de Comberanche est attestée dès le 13e siècle: l'Espital de Cumba Ayzencha, d'après le dictionnaire de Gourgues, puis souvent citée au 14e siècle. C'était un établissement de grande importance qui, après les Croisades, devint certainement une étape des pèlerins sur la route de Saint-Jacques de Compostelle (Dusolier). La commanderie passe ensuite dans le giron de l'ordre de Malte jusqu'au 16e siècle, puis est affermée à des notables locaux mentionnés à partir du 18e siècle et portant le titre de « Seigneur Commandeur. »

Le logis


Chapelle fortifiée de Combéranches
Le logis, la chapelle, le moulin sont 13e siècle. Le reste de 17e et 19e siècle — Image Jack Bocar


Il ne reste de la commanderie que la chapelle, devenue église paroissiale, ainsi que divers éléments architecturaux visibles dans les habitations qui bordent la route traversant le bourg de Comberanche. L'ensemble comprenait vraisemblablement le moulin de Comberanche, situé au sud-ouest sur l'attier de Comberanche, proche d'un gué sur la Dronne.

La commanderie dépendait de celle de Condat et du Grand Prieuré de Toulouse. Elle possédait deux annexes, l'une à Chambeuil, commune de Vanxains, dans le même canton, l'autre à Pheliet, commune de Bertric-Burée (canton de Verteillac), ainsi que des terres dans la commune de Cherval.

L'église Saint-Jean ayant une nef à deux travées, un faux carré jadis couvert d'une coupole et une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four, s'apparente étroitement à nos édifices religieux construits au XIIe siècle.

Moins rigoristes que les Templiers, les Hospitaliers auront fait appel à des maîtres d'oeuvre locaux. On ne peut passer sous silence, au gouttereau septentrional du faux carré, la présence d'une élégante rose à quatre lobes. Ce rappel de l'art oriental, toujours curieux à déceler, n'est pas rare dans la région, car nous en avons maints exemples aux églises situées au sud de notre département. S'ils constituent une preuve tangible des influences islamiques qui se sont manifestées dans notre art roman sur les routes d'Espagne, ils n'en témoignent pas moins de l'importance de nos voies et, par conséquent, de l'organisation qu'elles comportaient.

Cette organisation dont nous avons reconnu l'activité au nord et à l'est de notre département, paraît avoir été plus développée encore au sud.

En plus de la route passant à Aubeterre, déjà identifiée dans l'un de nos ouvrages, une autre voie, parallèle à cette dernière, conduisait à la Gironde, si l'on en juge par les commanderies qui la jalonnaient. On voit combien tout avait été mis en oeuvre pour faciliter le passage des pèlerins dans notre contrée.
Les Templiers en Charente les Commanderies et leurs Chapelles — Charles Daras — S.A.H.C.

Commanderie de Comberanches
Ce petit établissement que l'Ordre de Saint-Jean possédait à l'extrémité occidentale du Périgord, est mentionné dès l'année 1232.
Après la chute du Temple, on adjoignit à cette circonscription le Temple des Eyssards, situé dans les environs.
La possession de ce membre devint l'objet de longues et vives disputes entre les Commandeurs de Combarenches et ceux de Soulet, qui le réclamaient, chacun de son côté; un accord conclu entre eux en 1458, décida que le Temple des Eyssards appartiendrait à par égale parts aux deux compétiteurs; ces discussions furent définitivement terminées en 1480 par la réunion simultanée de Combarenches et de Soulet à la Commanderie de Condat.
Sources: A. Du Bourg, Histoire du Grand Prieuré de Toulouse — Toulouse — 1883.

Commanderie de Comberanches
C'est une propriété privée, elle ne se visite pas.
Commune dénommée maintenant Combéranche-et-Epeluche à 9 km au nord — ouest de Ribérac. Alt. 70 m. Combarencha (Occitan).

Comberanches est citée comme étant une ancienne commanderie de l'ordre de Malte, mais elle est signalée aussi comme templière. Je pense que l'on doit confondre avec la préceptorerie templière d'Epeluche qui commandait le gué sur la Dronne, et pour laquelle nous n'avons pas d'autres renseignements.
Si l'église romane de Combéranches, de plan rectangulaire à nef unique était templière, elle fut ornée par les hospitaliers, car on trouve des croix de Malte sur le retable en bois sculpté et sur les trois vitraux des ouvertures.
En 1883, le P. Caries signalait que subsistaient encore quelques pierres tombales portant la croix caractéristique (citation d'Emile Dussolier « Docteur Emile Dussolier, Bulletin Société historique et archéologique du Périgord, tome XLV, 1921 »).

On relève:
— Espital de Cumba Ayzencha, XIIe siècle. (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem).
— La Mounar, « Luoc apela lo Mounar del hospital de Combeyranche » 1250.
— La Faurie, commune d'Epeluche, Terra apelada la fauria, en 1260 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem).
— Gelatem, « El mas gelatem », 1260 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem Combeyranche).
— L'Hôpital, Gommune de Servanche, « Loc apelat Lespital de Servanchas » 1460 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem Combeyranche).
— Peytavie (la) maynem. 1560 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem Comberanche).
— Raymondie (la) Mayn., de la Raymondie (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem Comberanche) 1560.
— Portail (le) LoPourtal, 1613 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem Comberanche).
— Combeyrancha, 1373 (Lesp. Ordre de Saint-Jean de Jérusalem).
— Combeyranchia, 1380 (Lesp.10).
— Sarrault, arpent de Foucheyrie, 1606 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem).
— Volvey, le mayn. Desmier, arpent, 1606 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem) (Dictionnaire De Gourgues).
— Petitone 1613 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem).

La commanderie de Comberanche possédait plusieurs annexes dépendantes, l'une située:
Chambeuil
Département: Dordogne, Arrondissement: Périgueux, Canton: Ribérac, Commune: Vanxains - 24


Domus Hospitalis de Chambeuil
Domus Hospitalis Chambeuil


Phéliet
Département: Dordogne, Arrondissement: Périgueux, Canton: Ribérac, Commune: Bertric-Burée - 24


Domus Hospitalis de Phéliet
Commune: Cassini Feuillet
Domus Hospitalis Phéliet


Cherval
Département: Dordogne, Arrondissement: Périgueux, Canton: Ribérac, Commune: Cherval - 24


Domus Hospitalis de Cherval
Domus Hospitalis Cherval


« Marguerite Fargeon, veufve, tient dans la tenance de Chambeuilh, fondalité du seigneur commandeur de Combéranche, en tout hérittage sept journaux, vingt brasses et quatorze carreaux, et, par ce, doibt de rentes foncières: froment un boisseau 3/4 picotin; gellines quatre; journal un; argent trois deniers. Arpenté et cottizé par moy soubssigné, au mois de mars 1688, au requis dudict seigneur et du consentement des tenanciers. Signé: Descombes, notaire royal héréditaire et arpenteur » (Archives de Me Léonardon, notaire à Ribérac). Archives dép. de la Dordogne.

Après la chute du Temple on adjoignit en 1320 la commanderie des Essards située en Charente, mais cette dernière devint l'objet de disputes entre les commandeurs de Comberanche et du Soulet. Un accord en 1458 décida que l'autorité dépendrait des deux commandeurs. Cela dura jusqu'en 1480 par la réunion de ces possessions à Condat-sur-Vézère.

La commanderie de Comberanche (la plus importante du Périgord à l'époque de son plein exercice) fut adjugée au XVIIIe siècle à des laïques. Le seul moulin, avec ses dépendances était sous-affermé pour cent livres de rente seconde « outre et par dessus la seigneuriale deue au seigneur commandeur de Combeyranche » à Antoine Desvergnes, meunier de la Bourjade et à sa femme Marie Biay « Acte du 23 mai 1743, Pierre Dusolier de Fonjoumard, notaire. Arch. dép. de la Dordogne. »

En 1788 un contrat fut passé entre le commandeur et Jean-Josph de Labonne, notaire royal et juge de Saint-Méard. Ce contrat renseigne exactement sur les revenus de la commanderie. En voici l'essentiel (cité par le docteur Emile Dussolier, dans le Bulletin, de la Société historique et archéologique du Périgord, t. XLV de 1921):
« Le septième octobre mil sept cent quatre vingt huit, fut présent M. Joseph André, juge de Saint-Nexant et bourgeois de la ville de Bergerac, y habitant, lequel comme procureur fondé de Mr le chevalier frère Gaspard du Poët, commandeur d'Argence « Arsins, commanderie très importante de la Gironde. »..

Et ledit chevalier, comme fondé de procuration de très illustre vénérable bailly frère Victor Nicolas Vachon de Belmont, grand-croix de Saint-Jean de Jérusalem, ancien capitaine des escadres de l'Ordre...

Donne par ces présentes, à titre de ferme, pour six années et six récoltes suivies, complettes et consécutives, qui ne commenceront à prendre cours qu'au premier du mois de may 1790, à Mr Jean Joseph de la Bonne, notaire royal et juge de Saint-Méard....
En premier lieu la maison de réserve, la métairie de Comberanche, prés, terres labourables et fonds en dépendant, appartenant à Mr le commandeur, le tout situé en la paroisse de Comberanche;
En second lieu, la métairie du Soulet, située dans la paroisse de Cherval, avec tous les cheteaux desdits biens, gros et menus, effets, ustensiles de labourage et culture avec les cens et rentes dépendant dudit membre de Comberanche, consistant en 541 boisseaux blé froment, plus 193 boisseaux avoine, le tout mesure de Ribérac, Aubeterre, Bertric, Latourblanche et Mareuil...
117 gélines, 78 journées d'homme, argent 48 livres, le tout en rente foncière et directe, dus sur les fonds situés dans la paroisse de Comberanche et autres circonvoisines...
Demeure compris aussi dans le présent bail la quantité de trente boisseaux méture dû et à prendre annuellement dans le moulin de Comberanche...
Ledit bail consenty et accepté moyennant la somme de 4700 livres annuellement, y compris 600 livres de pot de vin...
Comme aussy ledit Sr de la Bonne sera tenu de payer, indépendamment dudit bail et sans diminution d'icelluy, savoir à Mr le curé de Comberanche 50 livres, à Mr l'archiprêtre de Gouts 12 livres, à Mr le juge de Comberanche 16 livres et audit Sr procureur d'office dudit lieu 4 boisseaux froment, le tout annuellement... « Archives départementales de la Dordogne Dumonteil notaire. »

En somme, en dehors de 500 livres de pot de vin, il s'agissait d'un bail annuel de 4778 livres. Lorsqu'on compare ce revenu à celui de la commanderie d'Arsins, la plus riche de la Guyenne et qui n'était que de 6000 livres on se rend bien compte de l'importance de la commanderie de Combérenche « Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Guyenne par le baron de Marquessac, Bordeaux, 1886.Veuve Justin Dupuy, éditeur. »

Et cette importance, la commanderie la tenait bien de ses terres de Combérenche et non de ses membres.
L'annexe de Phéliet était bien peu de chose. C'était un ancien cimetière, dans l'intérieur duquel se trouvait une petite chapelle et, tant contenu que contenant réalisait environ cinq brasses. François Dexant-Lagarde, notaire de Bertric, et délégué par le directoire de Bergerac pour l'expertise, estimait le tout 300 livres, en 1793, « Archives départementales de la Dordogne Q. 742. Ordre de Malte. Pièce 27. »

Quant à la métairie du Soulet, elle comprenait, outre la maison du colon, composée d'une seule chambre et d'une grange, sept journaux de terre, d'un seul tenant, dont trois de vignes et quatre de prés « dans l'intérieur des terres y ayant une ancienne chapelle sans couverture, presque écroulée » et un moulin de deux meules tournantes, le tout sous-loué au citoyen Montardit par le Sr Labonne pour 527 livres 10 sols, « Arch. Départementales de la Dordogne Q. 742. Ordre de Malte. Pièce 26. »

Le docteur Emile Dussolier qui visita la commanderie de Comberanche en août 1921, fit une description des lieux, « Bulletin Société historique et archéologique du Périgord, t. XLV III, 1921. »
Nous en reproduisons l'essentiel:
« ... La commanderie de Comberanche consiste en deux corps de logis, diagonalement opposés de part et d'autre de la route d'Epeluche à Saint-Paul Lizonne, à l'entrée du village. Ces deux bâtiments durent, fort vraisemblablement, à l'origine, être solidaires par quelque porte les réunissant et sous laquelle aurait passé le chemin conduisant au gué de la Dronne...
Comberanches


Commanderie de Comberanche
Comberanches — Image — André Goineaud-Bérard


Bâtiment sud:
Ce bâtiment, affecte la forme d'un rectangle, orienté de l'est à l'ouest, parallèlement et au sud de la route d'Epeluche à Saint-Paul, présente une partie principale située entre deux ailes carrées, à toiture légèrement surélevée et formant l'une et l'autre saillie sur le côté sud, donnant sur une vaste cour herbeuse qui a conservé toute l'allure d'une cour d'honneur.

Ce bâtiment est extérieurement, caractérisé par les vestiges d'une galerie en bois du XVIIe siècle, courant le long de la face du premier étage, occupant tout l'espace ménagé entre les deux ailes et reposant sur trois piliers en pierre, dont on peut, grâce aux tores sur les quatre angles faire remonter la construction au XIIe siècle, c'est-à-dire à l'époque de l'édification de l'église. Le pilier se termine en haut par une pierre formant le sommier d'arcs aujourd'hui disparus.
Comberanches


Commanderie de Comberanche
Plan et dessin de la Commanderie de Combéranche, par Jacques Dussolier, 1920 BSHAP L 48.


Comberanches


Commanderie de Comberanche
Plan et dessin de la Commanderie de Combéranche, par Jacques Dussolier, 1920 BSHAP L 48.


A l'extrémité ouest de la galerie, on remarque les restes d'une porte en partie fermée, décorée d'une accolade noyée dans la maçonnerie, qui est du XVe siècle.

L'intérieur du logis, tant par ses cheminées, par ses menuiseries, que par les ferrements des portes et des croisées, révèle le XVIIe siècle et l'élégance de ces ferrements est même à souligner. Tranchant sur cette époque, une cheminée du rez-de-chaussée, par son corps en pente sur les trois faces, reposant sur cadre en bois, caractérise nettement l'époque gothique.
Ce premier corps de logis est continué par un autre bâtiment, perpendiculaire à lui, fermant à l'ouest la cour d'honneur...
Nous trouvons là, cinq pièces à la suite, qui sont, du sud au nord, une chambre sans caractère, la cuisine, avec une cheminée du XIVe siècle, une pièce dite du pressoir à huile et deux petites et hautes ouvertures, donnant sur la route du gué de la Dronne, l'écurie et enfin, une dernière pièce, où l'on trouve deux meurtrières, qui renferme le puits très profond.
Ce puits mesure onze mètres d'eau en hiver et six en été. A quelques pieds au-dessus le niveau de l'eau, est l'entrée d'un souterrain dont on ignore l'aboutissement.

En face de ce bâtiment ouest, sont des servitudes consistant en cuvier, grange et écurie.

A l'est du bâtiment, le premier décrit et sur le prolongement du bâtiment des servitudes, une tour isolée, aux murs envahis par le lierre, à toiture pointue, à allure de pigeonnier, qui sert actuellement de four et de buanderie, a pu avoir jadis, un passé plus noble...
Comberanches


Commanderie de Comberanche
Plan de la ferme de Comberanches — Image — André Goineaud-Bérard


Bâtiment nord
Ce bâtiment aux vestiges extérieurs presque disparus, est constitué, comme le précédent, par un rez-de-chaussée, un étage et des combles... une des caractéristiques est la réunion, dans la principale salle du rez-de-chaussée, qui servait vraisemblablement de cuisine, du puits et du four. On discerne, dans cette disposition, le souci évident de parer aux éventualités d'un siège. De cette pièce part un escalier étroit accédant à la partie ouest de l'étage, tandis que le reste de l'étage est commandé par un escalier de pierre. Sur le palier de ce dernier escalier s'ouvre une porte qui donne accès au jardin qui est en contre-haut de la maison, il est séparé d'elle par un saut de loup. Ce jardin forme terrasse, au nord de la maison, sur le chemin de Combéranche à Allemans qui le longe à l'est.
Une petite tour carrée, située au nord-est de ce jardin, accentue par sa surveillance le semblant de défense constitué par ce saut de Loup... Ces tours, ces traces de défenses... voilà bien des arguments pour faire de cette commanderie « une maison forte qui était l'aboutissement presque général de toutes les demeures de l'Ordre à une époque où il n'était pas superflu de se défendre contre les bandes de la guerre de Cent ans, d'abord, des Huguenots, plus tard et de mettre à l'abri des pillards de tout temps les récoltes et les recettes qui devaient aller au-delà des mers. »
L'importance de la commanderie de Combéranche était telle qu'elle possédait un prêtre que nommait le commandeur. Située sur une voie conduisant du nord vers le sanctuaire de Saint-Jacques de Compostelle, la commanderie dut, à cette situation un des éléments de son importance, car les hospitaliers avaient ajouté aux trois voeux monastiques, celui de secours et protection aux pèlerins.
Le 21 fructidor an 2, les possessions de la commanderie de Malte; furent mises aux enchères comme biens nationaux, et adjugés le 1er vendémiaire an 3. Il y eut vingt-six procès-verbaux témoignant de cette opération « Archives départementales de la Dordogne. Q 742, Nº 727 à 752.. »
Le prix total de la vente par douze acquéreurs, atteignit près de quatre vingt mille francs, mais sans les bâtiments de la commanderie qui avaient été aliénés par l'ordre de Malte des années auparavant.
Actuellement les bâtiments de la commanderie existent toujours et ne sont pas accessibles librement à la visite.
Sources: André Goineaud-Bérard, Les Templiers et Hospitaliers en Périgord. Edition Pilote 24 2002.


Condat-sur-Vézère   (24)

Commanderie de Condat-sur-Vézère
Département Dordogne, Arrondissement Sarlat-la-Canéda, Canton Terrasson-Lavilledieu — 24


Commanderie de Condat-sur-Vézère
Commanderie de Condat-sur-Vézère


Transportons-nous maintenant dans cette charmante partie du Périgord, où la Vézère promène ses eaux limpides au milieu de coteaux verdoyants et de gracieux villages. Non loin de l'antique abbaye de Terrasson, nous trouvons groupés, aux pieds d'une colline, le petit bourg de Condat. En vain chercherions-nous parmi ses maisons coquettes et neuves, quelque reste d'antiquité légué par le Moyen-âge. Et pourtant cette localité, qui semble dater d'hier, était le chef-lieu d'une des principales Commanderies de l'Ordre de Saint-Jean, qui y possédait une demeure féodale. Malheureusement les archives de la Commanderie, riches en documents de toute sorte, à partir du XIVe siècle, sont presque muettes sur les époques antérieures, par suite sans doute de désastres survenus dans cette période. De sorte que nous ignorons complètement et le nom du donateur et la date de la fondation et nous sommes obligés de passer sous silence l'histoire de cet établissement pendant les XIIe et XIIIe siècles.


Commanderie de Condat — Image Bnf
Commanderie de Condat-sur-Vézère


En l'année 1307, le Grand-Prieur de Saint-Gilles, Dragonet de Montdragon, dans le cours d'une de ses tournées d'inspection, était arrivé au château de Condat, lorsque se présentèrent devant lui les habitants de ce bourg, implorant sa miséricordieuse intervention, le suppliant de mettre un terme à plusieurs abus et à certaines exactions dont ils accusaient le Précepteur Raymond de Lavalette. Après avoir écouté avec bienveillance ces réclamations et ordonné une sérieuse enquête sur les faits en question, le Grand-Prieur réunit, avant son départ, les habitants dans l'église de Condat pour leur octroyer une charte de coutumes, destinée à faire droit à leurs plaintes.

Le Précepteur, en sa qualité de seigneur spirituel, sera obligé de faire célébrer les offices dans l'église de Condat avec toute la pompe requise, d'entretenir le luminaire usité, savoir cinq cierges sur le maître-autel et un sur ceux de saint Biaise et de sainte Catherine. La charte accorde les droits d'usage et de dépaissance dans les bois de la Commanderie, contient les règlements du four et du moulin et fixe les redevances à payer. Le Précepteur ne devra requérir les bêtes de travail de ses vassaux qu'en cas d'absolue nécessité; il se chargera de leur nourriture pendant ce temps, etc. Après avoir apposé le sceau de ses armes au bas de cette charte, le Grand-Prieur en fit la remise solennelle aux vassaux de l'Hôpital, le samedi après la fête de saint Biaise 1307 (9 février 1308).


Chapelle de la commanderie de Condat
Chapelle de la commanderie de Condat — Sources: Jack Bocar


Comme cette charte vient de nous le montrer, le Commandeur de Condat, réunissait à la seigneurie spirituelle la moyenne et basse juridiction de cette localité. La haute justice en appartenait à la noble et illustre famille des seigneurs de Pons, famille qui avait dû, selon toute apparence, participer au premier établissement des Hospitaliers à Condat. Désirant témoigner à l'Ordre de Saint-Jean sa sympathie et sa profonde reconnaissance pour les prières que les Religieux faisaient continuellement à l'intention des membres de sa race, l'illustre et puissant seigneur Réginald (VI), vicomte de Carlat et en partie de Turenne, donna à Arnaud de Rivière, chevalier de l'hôpital et Commandeur de Condat, le droit de haute justice dans cette ville et son territoire. Le noble bienfaiteur de l'Ordre se réservait seulement, outre l'hommage dû par le Commandeur, la redevance de vingt livres, de la monnaie du pays, que les habitants devaient payer, à lui ou à ses descendants, « quand ils seraient armés chevaliers ou qu'ils passeraient les mers; » le Précepteur s'engageait en outre à construire une chapelle dans l'église de Condat, à y faire peindre les armoiries du seigneur vicomte, et enfin à organiser un service de messes, qui y seront célébrées à l'avenir par les prêtres de l'Ordre pour lui et les membres de sa famille. Ceci se passait à Sarlat, le 1er mars 1376, en présence des chevaliers Bernard de Ferrières, Arnaud de Castanet, Guillaume de Saint-Riquier, etc. Par suite de cette libéralité due à l'illustre personnage, qui venait de se couvrir de gloire en chassant les Anglais du pays, les chevaliers de Saint-Jean se trouvèrent seuls seigneurs spirituels et temporels, hauts, moyens et bas justiciers, fonciers et directs du lieu de Condat. Dans une enquête sur leur haute juridiction faite vers la fin du XVe siècle, on lit la description des différentes constructions élevées par les Hospitaliers pour l'exercice de la justice; nous y voyons qu'ils possédaient, « dans la ville de Condat, un pilori et un collier pour l'exposition des condamnés; et sur le sommet de la montagne, des fourches patibulaires, pour y suspendre les criminels, et les autres instruments nécessaires pour exécuter les divers arrêts de la justice; ces fourches patibulaires, érigées de tout temps en ce lieu, se composaient de 4 piliers, formant entre eux quatre ouvertures, dans chacune desquelles était plantée une fourche en bois. L'importance de cette dernière construction indiquait, comme nous l'apprend M. Viollet-le-Duc, la puissance féodale du seigneur haut justicier, « Les gentilshommes avaient droit pour leurs fourches patibulaires à 2 piliers; les châtelains, à 3; les barons, à 4; les comtes, à 6; les ducs, à 8; le Roi seul pouvant en mettre autant qu'il le jugerait convenable, (Dictionnaire d'architecture). » On voit d'après cela que dans la hiérarchie féodale, les Commandeurs de Condat avaient rang de baron, dignité qui devait être augmentée au commencement du XVIIIe siècle par l'érection de la Commanderie en comté.

C'étaient du reste de puissants seigneurs que ces chevaliers dont l'autorité s'étendait ainsi sur un grand nombre de localités disséminées dans tout le Périgord. La suppression de l'Ordre du Temple avait adjoint de nombreuses et importantes possessions à celles qui formaient leur domaine primitif et aux membres de La Caneda, de Fontanilles etc., étaient venus s'ajouter les anciens Temples de Sarjac, de Saint-Nexans, d'Andrivaux, etc., et les hôpitaux de Montguiard, de Bonnefars, de Combarenches.


Chapelle de la commanderie de Condat
Chapelle de la commanderie de Condat — Sources: Jack Bocar


En l'année 1487, mourait dans le château de la Capelle-Livron, l'un des plus puissants chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean, Messire Guyot de Montarnal, qui avaient réuni à la commanderie de Bordeaux celles de Roquebrune et de Condat. Dès que là nouvelle de sa mort se fut répandue, le sénéchal de Périgord, pour mettre ce riche héritage à l'abri de convoitises criminelles, s'empressa de la placer sous le séquestre royal. Mais une telle démarche était contraire aux prérogatives de l'Ordre et le Receveur général du Grand-Prieuré de Toulouse, Oddet de las Graulas, vint réclamer; il obtint en effet la remise des dépouilles du défunt. Les chevaliers toutefois n'eurent pas lieu de se féliciter d'avoir réussi dans leurs premières démarches; les inconvénients que la sauvegarde royale eut pu prévenir se produisirent de toutes parts. Le corps du commandeur de Condat venait à peine d'être déposé dans son tombeau, que son frère, Jean de Montarnal, religieux de l'Ordre de Saint-Augustin, Prieur de Rudelle, en dépit des règles qui attribuaient à l'Ordre toutes les dépouilles de ses chevaliers, s'empara dans la chambre mortuaire, « de certains anneaux garnis de rubis et autres pierreries, valans mil escus. » Encouragée par cet exemple, une bande de voleurs s'abattit sur cette riche proie. Le chef de cette association, J. Escaffre, « desroba plusieurs d'iceulx biens à la dicte capelle, valans deux mile escus en or content, chaînes pierreries et autres choses. Il prit plusieurs lettres et escritures fort nécessaires, appartenant à la dicte religion et, qui plus est, trouva moyen d'avoir les clefs de la maison du Temple de Bourdeaux; illec se transporta et trouva moyen de ouvrir certain tronc, qui est en l'esglise de la commanderie et autres avec lui ses complices et y prinsta grant quantité de biens, en or et argent content autres et choses valans dix ou douze mile escus. »


Chapelle de la commanderie de Condat
Chapelle de la commanderie de Condat — Sources: Jack Bocar


Craignant de se voir découvert l'auteur de ces entreprises criminelles fit transporter son butin à Figeac, « dans l'hostel de Guillaume Sobressit » homme considérable de la ville, jouissant d'une grande popularité et qui parait avoir été l'instigateur de cette affaire. A la nouvelle de tous ces méfaits, messire Guy de Blanchefort, conseiller et chambellan du Roi, Grand-Prieur d'Auvergne, Procureur Général de l'Ordre en France, s'émut et porta ses plaintes en la chancellerie du Parlement de Bordeaux. Immédiatement est expédié l'ordre d'informer contre G. Sobressit. Mais les officiers de justice se refusent à procéder contre le coupable, prétendant « qu'il estoit grantamy parent ou affin d'Antoine de Murât, lieutenant du sénéchal au siège de Figeac. »

Nouvelles lettres ordonnant au juge de Montauban de poursuivre l'affaire. Ce dernier fit en effet appréhender G. Sobressit au lieu de Saint-Antoine de Marcelles et donna l'ordre de le diriger sous bonne escorte vers Montauban. Cependant son commissaire, accompagné de Bernard de Gros et de Bernard de Montlezun, chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean, après avoir déposé l'accusé dans les prisons de Drulhe qui se trouvaient sur son passage, se rendit à Figeac pour procéder à son enquête. Mais dans cette ville les attendait une longue suite d'aventures extraordinaires. Ecoutons le récit qu'en font les lettres patentes adressées par le Roi à son sénéchal de Quercy et datés de Saint-Leu-les-Angers, le 23e jour de juin 1488:

« Et incontinent qu'ils furent arrivés audict lieu survint en leur logis, ung nommé G. Darias, soy-disant sergent, lequel arresta lesdicts commandeurs et tous leurs gens, biens et chevaulx, de part le viguier du dict Figeac. Auquel arrest, les commandeurs se opposèrent et demandèrent coppie du mandement par vertu duquel on les arrestoit, mais ledict sergent fist response que il n'en avoit aulcun et que ce estoit par le commandement du viguier du dict lieu. Quoy voyant, ledict commissaire qui estoit venu illec pour mettre à exécution nos dictes lettres et que ce que le sergent faisoit n'estoit que ung abuz, il arresta ledict sergent jusqu'à-ce qu'il sauroit si ledict viguier le advoueroit. Après lequel exploit, survint incontinent illec ung nommé Pierre de Comba, soy-disant syndic et consul de la ville de Figeac et ung nommé de Calmo, soy-disant procureur de G. Sobressit, avec cinq ou six autres. Lequel consul, tout furieux, et par grant arrogance dist audict commissaire qu'il avoit abusé d'avoir ainsi arresté ledict sergent et aussy luy dist qu'il avoit prins et arresté G. Sobressit, ce qui estoit contre les privilèges de la ville, car aux consuls en appartenoit et qu'il vouloit savoir où il l'avoit mené, en jurant le sang de Nostre-Seigneur que, avant que il partit de la ville il le rendroit, en cousteroit mille livres à la ville. Et lors ledict commissaire, voyant la fureur dudict consul, lui respondist que ils estoient bons et saiges et se garderoient de mesprendre et néantmoings, afin qu'il n'en prétendist cause d'ignorance il lui monstra nos lettres de commissions. Lesquelles vues par icelluy consul, il respondist ben malicieusement qu'il savoit bien ce que ce estoit que de commissions, et en ce faisant, survint illec ung autre nommé Aymeric Badit, soit disant nostre sergent lequel, par mandement dudict viguier, comme il disoit, arresta ledict commissaire et ses gens, chevaulx, pareilhement lesdicts Commandeurs. Et non contents de ce, ledict consul et autres consuls et habitants dudict Figeac firent grant assemblée de gens et les mirent aux portes pour empescher que icelluy commissaire et ceulx de sa compagnie ne partissent d'illec et leur furent les portes fermées; et aussy environ l'ostellerie, où estoit logé ledict commissaire, furent mis gens pour garder lui et lesdicts Commandeurs, comme se fussent crimineulx, en manière que ils furent arrestés certains jours, pendant lesquels leur furent faicts et dicts plusieurs opprobres et injures; mesmement Maistre P. Plegavant, aussy consul de la ville et soy-disant nostre procureur, adverty que ledict G. Sobressit estoit par auctorité de nos dictes lettres détenu prisonnier, il fist ung merveilleux et grant bruit et tumulte en icelle ville, en regnyant le nom et en jurant les plaies de Nostre-Seigneur, disoit que jamais ledict commissaire ni lesdicts chevaliers ne yssiroient de la ville que ils ne eussent rendu ledict prisonnier, là soit ce que il ne eust esté prins en ladicte ville et que ce seroit bien faict que on les mit tous en pièces ou que on les mist dans un mortier et que on les pillast comme saulce, et plusieurs autres paroles déshonnêtes et malsonnans contre l'auctorité de nous et de justice; mesmement feignant vouloir mettre le feu audict logeiz, en disant que ils avoient bien chastié aultres commissaires. Pour crainte desquelles choses et menasses, iceulx commissaires et Commandeurs ne eussent osé partir de leur logeiz sans très grant dangier de leurs personnes, et tellement fut en ce précédé par lesdicts consuls et aultres habitants de ladicte ville que ledict commissaire, pour le grant force et violence et oultraige que on luy foisoit, et pour esviter le grant dangier de sa personne et de ceulx de sa compagnie et à plus grant scandalle fust constrainct d'envoyer quérir ledict prisonnier et le faire admener audict Figeac, ce qui fut faict. Et icelluy Sobressit, illec arrivé, accompaigné de cens ou six vingt hommes qui se mirent avec lui, vint devers ledict commissaire et parla à luy bien arrogamment, et lui et aultres dirent plusieurs atroces injures contre ledict commissaire et lesdits Commandeurs; en appelant iceulx Commandeurs traistres, manans et que ils n'estoient pas chevaliers, mais villains et fils de villains, et plusieurs aultres graves et énormes injures et détestables. Et certains jours après ces choses ainsi faictes, fust dict audict commissaire et aux dicts Commandeurs que jamais ils ne partiroient de ladicte ville, sinon qu'ils voulsissent donner nos dictes lettres de commission. Laquelle chose conviet faire audict commissaire par force et violence, aultrement ne fust eschappé. Au moyen desquelles rébellions et désobéissances et aultres qui sont de très maulvaise conséquence, nos dictes lettres sont demeurées et demeurent inexécutées et ont esté les dictes choses faictes en grant esclandre, lésion et mespris de justice... »


Chapelle de la commanderie de Condat
Chapelle de la commanderie de Condat — Sources: Jack Bocar


L'autorité royale, ainsi méconnue et outragée, exigeait une répression solennelle et exemplaire pour cette ville en insurrection. Aussi le Roi, « ne voulant pas telles forces et violences contre luy et sa justice avoir lieu ni tolérer, mais telle et si griefve pugnicion estre faictes des délinquants que ce soit exemple à tous aultres », ordonne d'appréhender au corps G. Sobressit, en quelque lieu que l'on puisse le trouver « hors le lieu saint, » pour le ramener dans sa prison et de se saisir également des consuls et autres complices, ainsi que des voleurs des dépouilles du Commandeur Guy de Montarnal.

En dehors de ces embarras momentanés, ici comme ailleurs, les commandeurs furent souvent obligés d'entrer en luttes avec leurs voisins pour la défense de leurs droits. Nous voyons s'élever tout d'abord une discussion entre le Précepteur Bertrand de Pierre, chevalier de Saint-Jean, et l'abbé de Terrasson au sujet de leurs droits respectifs sur la forêt de Condat; la sentence arbitrale de 1291 vient y mettre un terme. Une question de limites troubla aussi la paix dans le XVe siècle entre le commandeur Jean de Léoncel et Hélie de Bonnac, abbé de Saint-Amans; elle fut tranchée par la fixation définitive des bornes séparant le territoire de Condat et ceux de Couly et de Saint-Amans (1490). Mais c'est surtout avec les évêques de Sarlat que la lutte fut longue et sans cesse renaissante; d'après les bulles des Papes, et les privilèges concédés par les rois de France, les biens de l'Ordre de Saint-Jean étaient exempts des cotisations ordinaires. Ce privilège, les évêques de Sarlat ne consentirent pas sans difficulté à l'admettre. Il fallut qu'à bien des reprises les chevaliers de Saint-Jean obtinssent du Roi de France la confirmation de cette exemption (1512, 1535, 1544, 1550, 1554).


Chapelle de la commanderie de Condat
Chapelle de la commanderie de Condat — Sources: Jack Bocar


Pendant les guerres de religion, le Périgord faisait partie des seigneuries du sire d'Albret; ses principales places, Turenne, Balthezar, Neuvie, Beynac, Bergerac, Sainte-Foy la Grande, Castillon, étant occupées par des garnisons huguenotes, semblaient envelopper la commanderie et ses dépendances dans un immense cercle de fer; il n'est pas surprenant qu'elle ait été dévastée à plusieurs reprises et que son commandeur ait pu exposer dans la requête de 1588 que dans les deux années précédentes toutes ses récoltes avaient été détruites complètement et prouver ces désastres par le témoignage de plusieurs habitants considérables du pays. Les procès-verbaux des visites de la commanderie viennent à leur tour nous parler des désastres de cette période, en répétant pour un grand nombre de ses églises ou chapelles cette indication dont la monotonie ne manque pas d'éloquence, « démolie jadis par les Religionnaires. »

Les Ordres de l'Hôpital et du Temple ne sont pas les seuls que la Terre-Sainte ait vu fonder dans un but presque identique, pendant la période des croisades.

Plusieurs rejetons prirent naissance à leur ombre; mais, après avoir rendu quelques services dans le principe, ils finirent par végéter et se fondre dans les deux premiers. Citons l'Ordre des chevaliers de Saint-Lazare et du Montcarmel, réuni bientôt à celui de Saint-Jean et que, dans le XVIe siècle, plusieurs papes avaient tenté inutilement de rétablir: il paraissait condamné à un oubli éternel, lorsque des circonstances fortuites vinrent lui rendre une existence passagère. Louis XIV, tout en témoignant une grande sympathie pour les chevaliers de Saint-Jean ne devait pas voir sans un certain déplaisir la puissance du Grand-Maître s'exercer, en dehors de la sienne, sur une partie de son royaume et sur l'élite de sa noblesse; quoique l'influence française fut en général prépondérante dans les conseils de Malte, elle était quelquefois contrebalancée par celle des nations rivales; état de choses qui pouvait créer des difficultés à la politique royale et devait dans tous les cas lui donner de l'ombrage. Ce furent sans doute ces considérations qui inspirèrent au grand Roi l'idée de reconstituer, pour la noblesse française exclusivement, l'Ordre de Saint-Lazare et de Montcarmel; il devait, dans sa pensée, se substituer, dans le royaume, à celui de Malte. Afin de lui donner une vie qu'il croyait durable, il fut obligé de lui créer des ressources, par un édit de 1672, et de lui concéder un certain nombre de possessions en France. Sur cette liste figurait, sans doute par erreur, la commanderie de Condat. Mais, quand les chevaliers du Montcarmel vinrent pour en prendre possession, ils se trouvèrent en présence du Commandeur, Aymé de Calvisson qui refusa énergiquement l'abandon de ses droits et exhiba les titres de ses archives. Malgré la protection de Louis XIV et du marquis de Louvois, leur Grand-Maître, les nouveaux chevaliers furent contraints de se désister de leurs prétentions (1677).

De Condat, l'autorité du Commandeur s'étendait sur tout le Périgord, où étaient disséminées les localités relevant de sa seigneurie: Sarjac, La Caneda, Fontanilles, Traullac, Naussanès, Falgueyres, Cours, Saint-Aubin, Montguiard, le Fraisse, Bonnefare, Saint-Avit, Bonneville, Puylautier, la Salvetat-Grasset, Douville, Andrivaux, et ses annexes Chantegeline, Dourles et Escoubeys, Combarenche, le Temple des Essards, Soulet, Mortemart, Château-Missier, Pontarnaud, Puymartin, Jumillac, Excideuil, la Roche Saint-Paul, le Temple-de-l'Eau et le Temple-le-Sec.

Le revenu de la Commanderie s'élevait en 1752 à 20, 635 livres, et ses charges à 5, 218 livres.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée (Toulouse): 1883


Montguiard   (24)

Commanderie de Montguiard
Département: Dordogne, Arrondissement: Bergerac, Canton: Eymet, Commune: Serres-et-Montguyard — 24


Commanderie de Montguiard
Commanderie de Montguiard


Les Hospitaliers possédaient encore, à une petite distance de Saint-Nexans, une autre Commanderie, qui avait, malgré sa faible importance, une existence distincte. Mais aucun document ne vient nous en dévoiler l'origine.

Falgueyrat



Domus Hospitalis Falgueyrat
Domus Hospitalis Falgueyrat


Ils étaient seigneurs spirituels et temporels de la petite ville de Montguiard, ainsi que de quelques membres situés dans les environs. Les archives ne commencent à parler de cet établissement que vers la fin du XIIIe siècle. A cette époque on voit le bailli du roi d'Angleterre disputer au précepteur Pierre de Valbéon la juridiction de cette localité, ainsi que de ses dépendances: Falgueyrat et Dujac (?).

Le Grand-Prieur de Saint-Gilles, G. de Villaret, qui faisait alors l'inspection de sa province, vint trouver Edouard Ier, alors en Guyenne, et réclama de lui le maintien des droits de son Ordre. Le roi chargea son cher et fidèle clerc, maitre Bonnet de Saint-Quentin, prêtre d'Angoulême, d'étudier la question avec le précepteur ; quelques jours après, les deux arbitres rapportèrent un projet d'accord, par lequel les Hospitaliers devaient conserver le droit de haute et basse justice, et la seigneurie sur le territoire de Montguiard et de ses membres ; le précepteur reconnaissant de son côté qu'il tenait cette seigneurie du roi d'Angleterre, et s'obligeait envers lui à l'hommage, accompagné d'une redevance de 4 sols. Le roi d'Angleterre et le Grand-Prieur de Saint-Gilles ayant approuvé les conditions de cet accord, en firent dresser une charte qu'ils scellèrent de leurs armes à Condom, le 12 avril 1289.

Cette Commanderie, qui, outre les membres déjà cités, comprenait ceux de:
Domus Hospitalis Bonneville
Département: Dordogne, Arrondissement: Bergerac, Canton: Vélines, Commune: Bonneville-et-Saint-Avit-de-Fumadières — 24


Domus Hospitalis Bonneville
Domus Hospitalis Bonneville


Domus Hospitalis Fraisse
Département: Dordogne, Arrondissement: Bergerac, Canton: La Force — 24


Domus Hospitalis
Domus Hospitalis Fraisse


Graulet



Domus Hospitalis Graulet
Domus Hospitalis Graulet


Les tènements de Puylautier et de Graulet et à laquelle on avait joint, à la fin du XIVe siècle, la seigneurie de la Salvetat-Grasset (?) et de Douville vint se fondre, en même temps que celle de Saint-Nexans, dans la circonscription de Condat.

Les guerres contre les Anglais avaient répandu la désolation dans toute la contrée. Le Fraisse, paroisse dépendante de la seigneurie spirituelle de l'Ordre, s'était vue tellement dévastée, que pendant de longues années, elle était restée sans vicaire perpétuel. Après la paix, le Commandeur de Condat s'empressa de remédier à ce fâcheux état de choses. Mais, quand le religieux pourvu de ce bénéfice voulut prélever les dîmes accoutumées, il rencontra une vive résistance de la part des habitants qui s'étaient facilement déshabitués du paiement de leurs redevances ordinaires; après de longues négociations, les paroissiens du Fraisse promirent de se conformer, touchant les questions des dîmes, aux usages de Montguiard (1489).

Ce dût être aussi à la même époque que furent dévastés le château et l'église de la Salvetat-Grasset. Au XVIe siècle, ils n'étaient déjà plus que des ruines ; les chevaliers furent obligés de les protéger contre les habitants qui en prenaient les matériaux pour leurs propres constructions (1565) ; dans les procès-verbaux des visites ultérieures, elles ne sont pas même mentionnées.

Au XVIIe siècle, l'assemblée du clergé de Périgueux révoquant en doute la validité des titres des chevaliers à la seigneurie spirituelle de Bonneville, voulut faire figurer cette paroisse sur le rôle de la levée des décimes ecclésiastiques. Mais le receveur général du Grand-Prieuré de Toulouse, F. de Robin Barbentane, vint protester contre cette atteinte aux droits de l'Ordre et força le syndic du clergé à reconnaître que la paroisse de Bonneville faisait partie de la Commanderie de Condat (1693).
Sources: Grand-Prieuré de Toulouse, M.A. Du Bourg (1883)


Saint-Nexans   (24)

Domus Hospitalis Saint-Nexans-Cours
Département: Dordogne, Arrondissement et Canton: Bergerac — 24


Domus Hospitalis Saint-Nexans
Domus Hospitalis Saint-Nexans


Dans les environs de Bergerac, les Hospitaliers possédaient un établissement dont l'origine nous est inconnue. A la fin du XIIIe siècle, nous voyons le « noble baron Messire En Bernât de Montleyder seigneur de Montclar », reconnaître en faveur de « l'honorable et savant seigneur Pierre de Balbeyo », précepteur de l'hôpital de Saint-Nexans, une dette de 50 livres de la monnaie courante et lui donner, pour se libérer, certaines rentes qu'il possédait dans le territoire de l'hôpital; cet acte fut passé le 4 avril 1296, en présence d'Hélie Bertrand, d'Hélie de Campsegret, d'Aymeric de Balbeyo et d'Hélie de Labarthe, damoiseaux.

La ville et le territoire de Saint-Nexans appartenaient entièrement à l'Ordre, ainsi que la haute juridiction de cette localité. Cette maison, dont la prospérité croissait tous les jours, dont les dépendances:
NaussanèsDomus Hospitalis Saint-Nexans, NaussanèsDomus Hospitalis Naussanès, (Commune: Beaumont-du-Périgord).
CoursDomus Hospitalis Saint-Nexans, CoursDomus Hospitalis Cours, (Commune: Saint-Georges-de-Montclard).
Saint-AubinDomus Hospitalis Saint-AubinDomus Hospitalis Saint-Aubin (Commune Saint-Aubin-de-Lanquais).
LembrasDomus Hospitalis Saint-Nexans, LembrasDomus Hospitalis Lembras.
Etaient répandues dans toute la contrée voisine, avait à certains points de vue une position désavantageuse, provenant de son voisinage avec une ville considérable dont les seigneurs allaient lui créer de sérieuses difficultés. C'étaient les sires de Bergerac, dont les ancêtres avaient dû, selon toute probabilité, fonder l'hôpital de Saint-Nexans, et qui ne voyaient pas alors sans dépit ce riche et populeux territoire enlevé, ainsi à leur juridiction par la piété de leurs aïeux. Prévoyant les dangers de cette situation, les Hospitaliers avaient demandé et obtenu pour leur établissement de Saint-Nexans la sauvegarde royale. Mais cette précaution ne fut pas suffisante pour détourner l'orage qui se préparait, En 1316, nous voyons le précepteur de Saint-Nexans et le procureur du Roi venir porter à la cour du sénéchal du Périgord leurs plaintes sur la tentative criminelle exécutée contre l'hôpital par Pierre Bermond, bailli de Bergerac. Voici la traduction du récit fait par les plaignants.

« ... Le bailli et les sergents du seigneur de Bergerac, illicitement armés de lances, de traits, d'arbalètes et d'arcs, couverts de leurs casques, gorgerins, côtes de maille, cuirasses, jambards, etc., et accompagnés d'un grand nombre de complices, sont venus en ennemis, enfreignant les édits de paix, au lieu de Saint-Nexans, le samedi après les dernières fêtes de Noël, enfoncèrent les portes de la Commanderie et les détruisirent. Méprisant les protestations des hommes du Précepteur, ainsi que la sauvegarde royale, ils firent une violente irruption dans la maison, brisèrent les portes du cloître et celles de la prison, en enlevèrent un détenu qu'ils emmenèrent enchaîné au préjudice du Précepteur... »

Le sénéchal condamna les coupables à payer solidairement 50 livres tournois au Trésor royal et 50 autres livres au Précepteur. Il confirma en même temps la sauvegarde et ordonna que, pour enlever à l'avenir tout prétexte d'ignorance, on dresserait le panonceaux royaux sur la Commanderie, ainsi que sur l'église (le mercredi après la Saint-Valentin 1316 16 février 1317).

Outre la ville de Bergerac, le Commandeur de Saint-Nexans avait dans son voisinage la célèbre abbaye de Cadouin; et, pendant que les seigneurs de la première ville disputaient aux Hospitaliers leur juridiction temporelle, ces derniers étaient obligés de défendre contre les moines les droits spirituels qui leur appartenaient dans la paroisse de Naussanès. Après un long procès, le Commandeur Arnaud de Bordes et l'abbé Jean de Bocher signèrent une transaction, par laquelle les chevaliers de Saint-Jean devaient continuer à jouir en seuls de la dîme contestée, en s'obligeant à payer annuellement à l'abbaye une pipe de froment, mesure de Montignac (30 mai 1444).

Ce ne fut pas du reste la seule difficulté que ces dîmes de Naussanès suscitèrent aux Commandeurs de Condat, à qui l'administration de Saint-Nexans et de ses dépendances avait été confiée vers l'année 1480; elles leur furent disputées environ à cette époque par les chanoines de l'église collégiale de Saint-Avit. Ayant appris que le Commandeur Jean de Lioncel venait sur l'ordre du Grand-Maître de partir pour Rhodes, et qu'il était mort en route, Gudifer Bonneyton, syndic du chapitre de Saint-Avit, crut l'occasion favorable pour trancher la question à son avantage. « Il fist grant assemblée de lacais, bandoliers, jusques au nombre de vingt ou trente, armés et embastonnés de plusieurs armes invasibles, avec lesquels il se transporta sur les terres de Naussanès et prinst par violence jusques au nombre de deux cens gerbes. »
Le lieutenant du sénéchal, saisi de l'affaire, ordonna au syndic de restituer les gerbes enlevées et lui défendit de troubler désormais le Commandeur dans ses droits (18 juin 1499).

Les siècles et les désastres des guerres dont ce pays avait été le théâtre firent disparaître de bonne heure la vieille demeure des Commandeurs de Saint-Nexans. Au XVIIIe siècle, elle était remplacée par un élégant château moderne, « recouvert de tuiles à crochet, » dont les procès-verbaux de visites nous donnent avec complaisance la description.
Sources: Du Bourg, Antoine (1838-1918). Histoire du grand prieuré de Toulouse et des diverses possessions de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem dans le sud-ouest de la France, avec les pièces justificatives et les catalogues des commandeurs. Editeur: L. Sistac et J. Boubée Toulouse: 1883

Hôpita de Saint-Nexans-Cours
— Saint-Nexent, commune de Bergerac
— S. Naxentius, 1295 (Testament d'Archambaud III)
— S. Nassentius, 1385 (Lespinasse)
— S. Neyssen, XVe siè cle (Hôtel de ville de Bergerac)
— S. Nexen, XVIe siè cle (Pau, Châtellenie de Périgueux)
— S. Nayssans, 1560 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem)
— Saint-Naissant (Atlas du Périgord, par Belleyme)
— Saint-Nexans (Cal. adm)
— Patron Saint-Jean Baptiste.
— Commanderie de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, ayant justice sur la paroisse.
— Saint-Naixent était ville close au XVe siè cle: Balatum et muralhia ejusd. loci, 1490 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem)
— La grande forêt de Saint-Naixent contenait 28 hectares et la petite 10 hectares, 1750 (Ordre de Saint-Jean de Jérusalem)
Sources: M. Le Vicomte de Gourgues — Dictionnaire Topographique du Département de la Dordogne — Paris Imprimerie Nationale — M DCCC LXXIII.

Naussanès, commune de Beaumont.
— Naussances, 1286 (Coutumes de Beaumont)
— Naussanas, 1289 (Rôles Gascons)
— Nauxances, 1773 (Notes de Lenquais)
— Membre dépendant de la commanderie de Saint-Jean Jérusalem de Saint-Nexent.
Sources: Dictionnaire Topographique du département de la Dordogne. Par M. Le Vicomte de Gourgues. Paris Imprimerie Nationale, M. DCCC. LXXIII


Saint-Aubin-de-Lenquais, commune du canton d'Issigeac.
— Sanctus Albinus de Montibus, 1365 (Abbé de Lespine, 88, Châtellenie de Bergerac)
— Saint-Albi, 1520 (Titres de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem)
— Saint-Chalbi (Atlas de Blaeu)
— Saint-Aubin-de-Lanquais, XVIIe siècle (Terrier de Lenquais)
— Saint-Aubin-d'Issigeac (Calendrier administratif de la Dordogne)
Sources: Dictionnaire Topographique du département de la Dordogne. Par M. Le Vicomte de Gourgues. Paris Imprimerie Nationale, M. DCCC. LXXIII

Lembras, commune du canton de Bergerac.
— Lembras (Pouillé du XIIIe siècle)
— Grangia de Lembraco, 1373 (Abbé de Lespine et titres de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem)
— Lembras, membre dépendant de Saint-Jean Jérusalem de Saint-Nexent.
Sources: Dictionnaire Topographique du département de la Dordogne. Par M. Le Vicomte de Gourgues. Paris Imprimerie Nationale, M. DCCC. LXXIII

Cours, hameau, commune de Saint-Georges-de-Montclar (Annonces Judiciaires)
Sources: Dictionnaire Topographique du département de la Dordogne. Par M. Le Vicomte de Gourgues. Paris Imprimerie Nationale, M. DCCC. LXXIII


Salignac   (24)

Domus Hospitalis Salignac
Département: Dordogne, Arrondissement: Sarlat-la-Canéda, Canton: Salignac-Eyvigues — 24


Domus Hospitalis Salignac-Eyvigues
Domus Hospitalis Salignac-Eyvigues


Salignac, chef-lieu de canton, arrondissement de Sarlat.
— Salenac, 1115 (ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, Lesp. 35).
— Salaihnach, 1122 (archives du chapitre de Saint-Astier).
— Salanac, 1152 (archives de l'abbaye d'Obasine).
— Saleniacum, 1240.
— Castrum de Salenhac, 1251 (testament, de Raymond, Vicomte de Turenne).
— Salanhac, 1383 (testament au château de Fénelon) et 1529 (archives de Pau, Châtellenie du Périgord).
— Salignhac, 1450 (inventaire du Puy-Saint-Astier).
— Salaignacum, 1531.
— Salaignac, XVIIe siècle.
— Salignac était du diocèse de Cahors: aussi, comme châtellenie, il n'est pas compris dans le rôle des châtellenies du Périgord au XIVe siècle.
— La châtellenie de Salignac comprenait les paroisses de Salignac, Borèze, Eybènes, Saint-Crépin, Toulgou, autrefois paroisse, Carlucet, Paulin, et en partie Saint-Bonnet, Millac, Archignac et Saint-Geniez.
— Titre de baronnie.
— Forêt de Salignac: 45 hectares, commune d'Eybènes.
Sources: Dictionnaire Topographique du département de la Dordogne. Par M. Le Vicomte de Gourgues. Paris Imprimerie Nationale, M. DCCC. LXXIII


Sergeac   (24)

Commanderie de Sergeac
Département: Dordogne, Arrondissement: Sarlat-la-Canéda, Canton: Montignac - 24


Commanderie de Sergeac
Commanderie de Sergeac


A une petite distance de Condat, en suivant les sinuosités de la Vézère, nous trouvons le village de Sergeac, un des membres les plus importants de la Commanderie que nous étudions, C’était dans le principe un florissant établissement des Templiers ; ils en avaient fait dans les derniers temps la résidence des Maîtres de leur Ordre en Périgord.
Le plus ancien acte que nous fournissent ses archives est un accord conclu le jeudi avant la Noël de l’année 1275, entre Hélie de Rudel, seigneur de Bergerac et de Montignac, et Gérard de Lavergne, précepteur du Temple en Périgord ; le premier cédait au second tout ce qu’il possédait à Sergeac et recevait en échange le mas de Bersac.

Chapelle de Sergeac


Chapelle de Sergeac
Chapelle de Sergeac


Quelques années plus tard, un certain nombre de bienfaiteurs vinrent donner au nouveau Temple de Sergeac une véritable importance: pendant que Raymond d’Imbert, damoiseau, faisait libéralement cession de tous ses fiefs situés sur ce territoire, Réginald de Pons, gendre d’Hélie de Rudel, se dessaisissait en faveur des Templiers et du précepteur Géraud de Lavergne, de tous ses droits sur Sergeac, de la haute justice, etc., réservant seulement, en signe de suzeraineté, le paiement d’un marabotin d’or à chaque mutation de seigneur de Montignac et de Grand-Maître du Temple (1295).

En effet, la suite des archives nous fournit plusieurs actes d’hommages faits par différents Commandeurs, d’abord aux comtes de Périgord, et accompagnés de l’offrande du marabotin d’or.

Mais, si les chevaliers se montrèrent fidèles à leurs engagements, il ne semble pas qu’il en ait été de même pour leurs suzerains. Déjà en 1367, le précepteur Arnaud de Rivière avait dû protester énergiquement contre le prévôt de Montignac, qui prétendait exercer la haute juridiction sur Sergeac, au nom du comte Roger-Bernard de Périgord. Après la mort de ce dernier, les difficultés devinrent bien autrement sérieuses. Nous arrivons à une période où toute cette contrée fut en proie aux malheurs de la guerre générale et aux troubles d’une lutte intérieure. Archambault IV, dit le Vieux, fils de Roger-Bernard, s’était allié aux Anglais. A la tète des bandes ennemies, il avait causé beaucoup de mal aux armées françaises; battu, obligé d’aller se réfugier à Londres pour éviter le châtiment qu’il avait mérité, il vit ses biens confisqués et le Périgord réuni à la couronne de France, en 1396. Son fils Archambaud V, dit le Jeune, qui avait partagé sa révolte, signa un nouveau traité avec les Anglais; grâce à leurs secours, il put recommencer la lutte et porter la désolation dans tout le Périgord. Le maréchal de Boucicaut marcha contre lui à la tête d’une armée française, l’assiégea et le força à capituler dans sa citadelle de Montignac; c’est ainsi que le dernier représentant de la famille des anciens comtes de Périgord fut emmené prisonnier à la Bastille de Paris, où le Parlement fut chargé de le juger (1398).

Le Grand-Prieur de Toulouse vint de son côté implorer du Conseil du Roi le redressement des torts dont le comte Archambaud s’était rendu coupable envers les chevaliers de Saint-Jean, pendant qu’il occupait de force les domaines confisqués à son père. Comme nous l’avons vu, les vassaux de l’Hôpital étaient exempts du paiement des tailles, des services de guet et de garde, et des autres servitudes dans le comté de Périgord. Mais ces privilèges ne faisaient pas l’affaire d’Archambaud, qui, pour soutenir la lutte terrible où il s’était engagé, avait besoin de beaucoup d’argent et de beaucoup de bras pour défendre les murailles de Montignac. Aussi, sans vouloir entendre aucune réclamation, ordonna-t-il d’employer la violence contre les récalcitrants: « Les dicts hommes et subjects, eux sentans aggravés des dictes exactions, appelèrent du dict Archambault, ses gens et ses officiers. Non obstant le dict appel et en hayne et contempt d’icelluy, icelluy Archambault prinst ou fist prendre plusieurs des dicts hommes et fist mettre en ses prisons et, avant que ils en pussent partir, leur convint eulx rançonner et composer au dict Archambault et aussy prinst et fist prendre en sa main la dicte Commanderie et tous les biens meubles et ustensiles qu’il trouva en icelle et les fist mener au dict chastel de Montignac, et se efforça de prendre frère Arnaud de Rivière, Commandeur de la dicte Commanderie de Sergeac. Mais il se absenta pour doubte du dict Archambault, qui avait commandé que on le luy menast mort ou vif, pour le gouverner à sa guise, si comme il disoit... »

Par ses lettres patentes, datées de Paris, le 17 février 1399, le roi Charles VI ordonnait au sénéchal de Périgord de faire restituer au Commandeur de Sergeac tout ce qu’on lui avait enlevé et de citer à sa barre tous ceux qui ne voudraient pas se conformer à cet ordre.

Dans ces époques troublées, ces tentatives d’usurpations violentes n’étaient pas choses rares; il arrivait quelquefois que les vassaux eux-mêmes se chargeaient de s’y opposer. Les officiers de noble dame Françoise de Bretagne, comtesse de Périgord, avaient voulu, comme leurs devanciers, soumettre les habitants de Sergeac aux tailles exigées de tous ceux qui résidaient dans la châtellenie de Montignac. Mais les vassaux de l’Ordre protestèrent énergiquement et chargèrent leur syndic, Pierre de Marignac, de déclarer devant le sénéchal qu’ils ne se reconnaissaient justiciables que du Commandeur de Condat et nullement de la comtesse Françoise, à qui ils ne paieraient aucune taille (31 août 1459).

Le château de Sergeac fut-il détruit pendant les guerres de religion ? Nous l’ignorons, toujours est-il que les procès-verbaux de visite ne mentionnent dans cette localité que l’église, les fours seigneuriaux et le port sur la Vézère, importante source de revenus dans cette contrée productive et commerçante.
Sources: Grand-Prieuré de Toulouse, M. A. Du Bourg (1883) BNF


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