Département du Loir-et-Cher
Ablainville (41)
Hôpital d'AblainvilleDépartement: Loir-et-Cher, Arrondissement: Blois, Canton: Ouzouer-le-Marché — 41
Hôpital d'Ablainville
C'était une des rares commanderies que les chevaliers de l'Hôpital possédaient dans le pays chartrain, et qu'ils réunirent dans le XIVe siècle à celle de Sours, qu'ils venaient de recueillir de la succession des Templiers.
Le plus ancien titre qui mentionne l'Hôpital d'Ablainville (paroisse de Binas), est une charte de 1212, de Thibaut, comte de Blois et de Clermont, par laquelle il déclare avoir donné aux frères de l'Hôpital de Jérusalem d'Ablainville, « fratribus Hospitalis Jerosolimitani de Ablenvilla », son bois de Savelon ou Sablon, « nemus Savelonii », pour les besoins de leur maison.
Par son testament de l'année 1227, Alice de Rouilliez, dame de Beaugency, légua aux frères de l'Hôpital la cinquième partie de son héritage, pour servir à reconstruire leur maison d'Ablainville. Elle leur donna en outre ses biens meubles, ses créances, ses vêtements, ses joyaux, à l'exception d'un grand anneau d'or avec une pierre non polie, « cum lapidice non polito », quelle réserva à ses héritiers; et comme les Hospitaliers l'avaient fait participer aux bienfaits spirituels de leur Ordre, elle promit de maintenir intégralement la donation et de ne choisir sa sépulture ailleurs que dans la chapelle de l'Hôpital.
La chapelle de la maison d'Ablainville existait encore au siècle dernier. Elle était dédiée à saint Jean-Baptiste, et on y disait la messe un jour par semaine.
L'ancienne commanderie d'Ablainville comprenait, d'après le Livre-Vert, plusieurs membres d'une certaine importance, et entre autres la ferme de Plainville sur la paroisse de Verdes, qui existait encore au siècle dernier avec 144 arpents de terre.
La terre du Gros-Chêne et l'Hôpital d'Ousenain dont il est ci-devant parlé, en faisaient également partie.
Les domaines de l'Hôpital d'Ablainville et de Plainville étaient affermés en 1757, 2.000 livres.
Le revenu général de la commanderie de Sours ou du pays Chartrain était, en 1373, d'après le Livre-Vert, de 505 livres. Mais à cause des guerres et des malheurs du temps, ce revenu ne pouvait couvrir les charges du Commandeur. Il était encore plus bas en 1495, mais les charges étaient alors beaucoup diminuées, et il restait un actif de 344 livres. En 1583, nous le trouvons s'élever à 5.400 livres; en 1734, à 9.795 livres; en 1757, à 11.500 livres; en 1783, à 25.235 livres.
Ancien Commandeur d'Ablainville
1344. Frère Thomas de Walleran.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Artins (41)
Commanderie d'ArtinsDépartement: Loir-et-Cher, Arrondissement: Vendôme, Canton: Montoire-sur-le-Loir — 41
Commanderie d'Artins
Il y avait au Plat-d'Etain une Maison des Templiers et ensuite une commanderie de chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, fondée au XIIe siècle, dont on retrouve encore quelques bâtiments à 1 kilomètre de la vieille église et tout près de la nouvelle. Les Archives du département de la Vienne gardent plusieurs liasses de pièces concernant ce bénéfice on cite entre-autres une sentence arbitrale de 1282 rendue au profit de « L'Hospital de Artins (1). » Cette commanderie se composait de sept membres, y compris le chef-lieu:
— 1. Artins.
— 2. Aizes
Domus Hospitalis Saint-Jean-des-Aizes
Saint-Jean-des-Aizes, Saint-Jean-du-Temple autrefois le Temple-des-Aizes, paroisse de Lavardin (41).
— 3. Saint-Jean-du-Boulay
Domus Hospitalis Saint-Jean-du-Boulay
Saint-Jean-du-Boulay, paroisse Le Boulay, près de Château-Renault (37).
— 4. Saint-Jean-de-Château-du-Loir
Domus Hospitalis Château-du-Loir
Saint-Jean-de-Château-du-Loir, autrefois le Temple-lès-Château-du-Loir (72).
— 5. Saint-Jean-de-Cogners
Domus Hospitalis Saint-Jean-de-Cogners
Saint-Jean-de-Cogners, paroisse de Cogners (72).
— 6. Saint-Jean
Domus Hospitalis Saint-Jean
Saint-Jean, paroisse de Beaumont-sur-Dême (72).
— 7. Saint-Jean-du-Ruisseau
Domus Hospitalis Saint-Jean-du-Ruisseau
Saint-Jean-du-Ruisseau, paroisse de Marçon (72).
En 1640, la commanderie rapportait 2.000 livres sur lesquelles il fallait payer 300 livres pour la desserte, des six chapelles faisant partie des membres de la commanderie, 150 livres pour décimes, 600 livres pour responsions (2).
En 1744, le revenu de la commanderie s'élevait à 3.110 livres.
Le chef-lieu était affermé 1.040 livres Château-du-Loir 450 livres, Rortre et les Ruisseaux 870 livres, Cougners 200 livres, le Temple 350 livres, et le Boulais 200 livres.
1. Cf. De Petigny, Histoire Archéologique du Vendômois, pages 264 et 265.
2. Responsion, redevance annuelle de chaque chevalier de Malte pour la défense de la Terre-Sainte. (Cauvin. Observations sur les commanderies du diocèse du Mans, 1843.)
La commanderie d'Artins était entourée d'une enceinte murée, contigüe au coteau qui contenait l'habitation de la chapelle; cette chapelle, convertie depuis longtemps en grenier à fourrages conservait encore, il y a quelques années, de très curieuses fresques du XIIe siècle. Aux embrasures profondes des trois fenêtres de L'abside, étaient représentés les apôtres en pied deux par deux, dans des niches simulées.
Le Christ, assis sur un trône, entouré de ses anges et des quatre animaux symboliques, occupait tout l'espace au-dessus de la fenêtre centrale.
Peintures intérieures de la commanderie, d'après M. Launay
Sur le mur, du côté de l'épitre, étaient peints le sacrifice d'Abraham, la légende de Saint-Nicolas et divers autres sujets. De grands panneaux avec bordures couvraient entièrement le mur méridional de la nef. On y remarquait entre-autres des personnages à cheval, armés de lances et le bouclier au bras; plus loin, une barque sur une mer orageuse. Au milieu, un personnage, les mains jointes, les regards fixés sur un de ses compagnons qui s'est jeté dans les flots pour arracher à la mort un malheureux dont la tête seule apparaît sur l'eau. Ces peintures ont été plusieurs fois reproduites et M. Launay en a publié quelques fragments dans l'Histoire archéologique du Vendômois, par MM. de Pétigny et Launay (Prelière édition, page 264). Depuis, la chapelle a été démolie et remplacée par une maison bâtie sur les mêmes fondations; en la construisant, les ouvriers rencontrèrent de nombreux cercueils de pierre et des squelettes.
Peintures intérieures de la commanderie, d'après M. Launay
— Après la suppression des Templiers, le prieuré d'Artins devint une commanderie de l'ordre de Malte, qui a disparu en 1790.
— En 1794, la commanderie fut vendue en deux lots, qui furent achetés par deux personnes différentes.
Peintures intérieures de la commanderie, d'après M. Launay
Sur le fronton de la porte de la chapelle, dans une niche au midi, on voyait une statue de bois de saint Jean-Baptiste, qui était de temps immémorial l'objet d'une grande vénération à Artins les habitants affirmaient que sa présence les préservait de la grêle. Le nouveau propriétaire emporta la statue de saint Jean dans une commune voisine et celui qui avait acheté le second lot, jaloux des privilèges de son voisin, alla chercher à Sougé un vieux saint innommé qu'il baptisa saint Jean et le plaça dans l'embrasure d'une de ses fenêtres, mais il ne put hériter de la vénération qu'inspirait l'ancienne statue. Quand on démolit la chapelle, le vrai saint Jean fut placé au pignon d'une grange, où il est encore, continuant de couvrir les idoles de sa protection. Au bas de la commanderie, il y avait une place où se tenait tous les ans, le 24 juin, une foire assez suivie.
— Busloup (Bullotum, Bucellum), commune à 8 kilomètres de Morée et à 15 kilomètres de Vendôme.
— A un kilomètre et au nord-est de Busloup, sur le coteau, on trouve Gros-Chêne, ancienne Maison du Temple, dépendant de celle d'Arville, canton de Mondoubleau, devenue depuis commanderie de Malte.
— Voici la liste des commandeurs d'Artins qui sont cités dans les recueils de l'Ordre:
Dreux (Theobaldus de Drocis, preceptor de Artinis), reçu chevalier en 1316, originaire du pays chartrain; il portait pour armes: « Echiqueté d'or et d'azur. »
— Giroust (Gervaise) et ensuite Giroust (Hamelin), reçu chevalier de Malte en 1352, mort en 1383.
— Bonin (Guillaume de), originaire du Poitou, portait: « De sable à la croix d'argent. » 1388.
— Lecomte (Nicolas), 1416
— Lecomte (Jehan), chevalier en 1450, mort en 1454; il appartenait sans doute à la maison Lecomte de Nonant en Normandie qui porte: « D'azur au chevron d'argent, accompagné en pointe de 3 besans d'or, 2 et 1. »
— Château-Chalon (Jacques de), d'abord en Franche-Comté puis en Touraine (1473-1503); il portait: « D'argent à une bande d'azur, chargée de trois tours crénelées et donjonnées de 3 donjons d'or; avec un lambel de gueules sur le tout. »
— Appelvoisin (Guillaume d'), famille du Poitou, 1470-1471 portait: « De gueules à la herse d'or.
— Boucherie (Mathurin de la), 1506-1526, portait: « D'azur au cerf passant d'or. »
— Lynaine (Bauld de), 1528-1534.
— Audebert (Jean), 1539-1552, sieur de Laubage, du diocèse de Poitiers, portait: « D'or au sautoir d'azur. »
Nuchèze (Louis de), du diocèse de Poitiers; 1567, portait: « De gueules à 9 molettes d'éperon d'argent, 3,3 et 3. »
— Percil ou Percy (Claude de), reçu en 1578, mort en 1609. Il était du diocèse de Tours et portait: « D'hermines à 3 tourteaux d'azur. » On trouve encore: « D'or à un lion d'azur écartelé de gueules à 3 perches (poissons) d'argent en pal. »
— Cambout de Valleron (Jehan), du diocèse de Saint-Brieuc, 1610, portait: « De gueules à 3 fasces échiquetées d'argent et d'azur. »
— Bonnin de la Reigneuse (Jacques), famille du Poitou, 1626-1631, portait: « De sable à la croix d'argent. »
— Perterz du Bouchet (Ambroise), famille d'Anjou (1636), portait: « D'azur semé de larmes d'or, au lion de même, armé, lampassé et couronné de gueules. »
— Breuil de Chasseriou (Jacques du), du diocèse de Maillezays, 1646-1652, qui portait: « D'argent à la croix ancrée de gueules. »
— Laval (François de), alias Robert de Laval-La-Faigne, 1656-1667, portait: « D'or à la croix de gueules chargée de cinq coquilles d'argent, accompagnée de 16 alérions d'azur. »
— Brunetière du Plessis de Gesté (Guy de), famille d'Anjou, 1671, portait: « De sable à trois lions d'argent, lampassés, couronnés d'or; ou encore: D'hermine à trois chevrons de gueules. »
— Barre-Hautepierre (de la), 1678-1687, famille d'Anjou, portait: »D'or à 3 fusées d'azur, mises en fasces, écartelé d'or, fascé d'azur de six pièces. »
— Breuil-Hélion-de-Combes (Benjamin du), famille du Poitou, 1688-1697, portait: « D'argent au lion de sable, couronné, armé et lampassé d'or. »
— Neuchèze (Jean de), chevalier de Malte en 1697, mort en 1728, portait: « De gueules à neuf molettes d'éperon d'argent, 3,3 et 3. »
— Courault de la Roche-Chevreuse (Jacques-César), famille de Touraine (1725), portait: « De sable à la croix alaisée d'argent. »
— Persy (Pierre-Jean-Baptiste de) 1732, portait: « D'argent à trois besans de sable, 2 et 1, accompagnées de 9 mouchetures d'hermine, aussi de sable, 3 en chef, 3 en fasce et 3 en pointe. »
— Villedon de Sansey (Alexis-François) devait être des Villedon de Peireffons, du diocèse de Saintes, qui portent: « D'argent (alias d'or) à trois fasces ondées de gueules. »
— Lingier de Saint-Sulpice (Léon-Hyacinthe), famille du Poitou (1778), portait: « D'argent à une fasce fuselée de gueules de 5 pièces, accompagnée de 8 mouchetures d'hermine de sable, 4 en chef et 4 en pointe. »
— Dauray(Louis-Charles), chevalier de Saint-Poix (1782). Il était probablement des Dauray de Bretagne, qui portent: « Losangé d'or et d'azur. »
Sources: Marquis Achille de Rochambeau. Le Vendômois: Epigraphie et Iconographie. Editeur: H. Champion Paris 1889-1894. Sources numérique BNF
Biens du Temple et de l'Hôpital dans le Vendômois
Les Templiers ne tardèrent pas à élever leur maison qui existait en 1212, lorsque Regnaut, évêque de Chartres, par des lettres de cette année même, déclara que, comme la forêt de Belle-Lande venait d'être défrichée pour être mise en culture, et qu'on y avait construit une ville, il s'agissait de savoir à qui, du commandeur du Temple ou du Curé d'Epuize, appartiendrait le droit de paroisse. L'évêque décida que, de deux années l'une, ce droit appartiendrait aux Templiers, et l'autre au curé, avec les oblations et les revenus de la cure.
A partir du XVIe siècle, il n'est plus fait mention de Belle-Lande, qui avait été aliéné ou converti en fief. Ce domaine était possédé en 1622, par Simon Binet et autres, à charge de payer chaque année à la Commanderie, 14 deniers de cens, 16 sols de rente et 22 boisseaux d'avoine.
Les Templiers possédaient encore dans le Vendômois, des établissements sur lesquels nous manquons de renseignements, soit parce qu'ils n'ont pas été dévolus aux chevaliers de l'Hôpital, ou que ceux-ci aient jugé à propos de les comprendre dans un prieuré autre que celui du Grand-Prieuré de France.
Au nombre de ces établissements, il faut citer la maison du Temple de Vendôme, dont il est fait mention dans une charte rapportée plus haut. L'abbé Simon, dans son Histoire de Vendôme et de ses environs, fait remonter l'existence de cette maison vers 1150, et en attribue la fondation à Mathilde ou Mahaut, fille unique de Henri Ier, roi d'Angleterre, veuve en premières noces de l'empereur Henri V, et en secondes noces de Geoffroy-le-Bel, fils de Foulques, comte d'Anjou et du Maine.
Cette princesse avait richement doté le Temple de Vendôme. Elle y avait fait construire une église sous l'invocation de saint Jean-Baptiste, dans laquelle elle reçut la sépulture en 1166. Parmi les donations que les Templiers reçurent d'elle, nous citerons les plus importantes: d'abord une terre en dehors de la ville, au lieu dit le Temple, où elle fit élever un hôpital et une église pour les pèlerins qui allaient à Jérusalem, puis la terre et seigneurie du Gué-du-Loir, appelée la Bonne-Aventure, et un domaine assez considérable à Fréteval, à quatre lieues de Vendôme.
En 1223, pour favoriser l'établissement d'un couvent de cordeliers à Vendôme, les Templiers consentirent à abandonner leur maison et se retirèrent dans celle de l'Hôpital, hors de la ville, où ils demeurèrent jusqu'à la suppression de leur ordre.
Cette dernière maison et les biens qui en dépendaient, au lieu de passer alors en la possession des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, furent donnés on ne sait comment, à l'abbaye de Notre-Dame de l'Epeau, nommée de la Pitié de Dieu, et aux frères mineurs de Vendôme (Histoire de Vendôme et de ses environs, par l'abbé Simon. Vol. 3, page 85.)
D'après l'abbé Simon, les Hospitaliers auraient formé trois commanderies, avec les biens laissés dans le Vendômois par l'Ordre du Temple, savoir: la commanderie de Mondoubleau dont nous avons parlé, la commanderie d'Artins et celle de Villavard. Nous ferons observer ici que ces deux dernières commanderies, si elles ont réellement existé, n'ont jamais fait partie du Grand-Prieuré de France, et ont dû être comprises probablement dans le prieuré d'Aquitaine, près duquel elles se trouvaient situées.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Blois (41)
Hôpital de BloisDépartement: Loir-et-Cher, Arrondissement et Canton: Blois — 41
Hôpital de Blois
Les Hospitaliers héritèrent plus tard de ces rentes qui augmentèrent beaucoup les revenus de la maison qu'ils avaient dans la même ville. Nous trouvons cette maison mentionnée dans une charte du châtelain de Blois, du mois de juin 1277, par laquelle celui-ci confirmait et amortissait une donation faite à la maison de « l'Hospitau de Blois », par Hervé de Souin et Marie, sa femme:
1. — D'une rente de deux muids de froment sur la « Gueignerie » du Plessis-Gordon.
2. — D'une moirée de terre en Vendômois, au terroir de « Baines ».
3. — De 4 arpents de vigne, au terroir « d'Arcangier », près des bois de « La Sopligière »; à Verrières et à Saint-Gervais-des-Prés.
4. — De maisons assises à « Borc-Maieu » (Bourg-Moyen).
« Et de tout le mesnage qui se trove en leur maison de Blois, après le décès des devant diz Hervé et sa femme, en coetes, coessins, tonneaux, cens, huchez, poz, paielles et en quecunques austres houstiz. »
Des diverses maisons qui avaient appartenu soit au Temple, soit à l'Hôpital dans la ville de Blois, il ne restait plus au siècle dernier que la maison de la Croix dans la Grande-Rue.
Plusieurs membres dépendaient de l'Hôpital de Blois:
Bordebure
Domus Hospitalis Bordebure
La ferme de Bordebure, près de Villebarou, située dans la paroisse de Villebarou et dont les bâtiments n'existaient plus au XVIIe siècle.
Villefrouin
Domus Hospitalis Villefrouin
La ferme de Villefrouin, plutôt Villefin, paroisse de la Magdeleine-Villefrouin, comprenant 130 arpents de terre, où la Commanderie avait toute justice et seigneurie.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Gros-Chêne (Le) (41)
Domus Hospitalis Le Gros-ChêneDépartement: Loir-et-Cher, Arrondissement: Vendôme, Canton: Morée, Commune: Busloup — 41
Domus Hospitalis Gros-Chêne
La terre et seigneurie du Hôpital Le Gros-Chêne était située dans la paroisse de Busloup. C'était un ancien domaine de l'Hôpital qui avait été réuni au XVe siècle au Temple de Mondoubleau, après avoir appartenu à la maison de l'Hôpital d'Ablainville.
Les Hospitaliers eurent dans le XIIIe siècle, au sujet de leur terre du Gros-Chêne, des démêlés avec un seigneur nommé Hugues Vallin. Une sentence arbitrale de l'abbé et du prieur de Sainte-Geneviève à Paris, du mois d'août 1209, régla la part que le seigneur Vallin devait avoir dans les cens dus à la seigneurie du Gros-Chêne, « de villa de Grosso Quercu » et concéda aux Hospitaliers seuls la justice du lieu, le terrage et le moulin de Palestrie, « et molendinum de Palestria », avec les mortuaires.
En 1210, nouveau procès avec Nevelon, seigneur de Freteval, « de Fracta valle », toujours relativement à la justice du Gros-Chêne. Regnaut, évêque de Chartres, et Manasses, évêque d'Orléans, furent délégués par le Saint-Siège pour régler ce différend. Les deux prélats après un mûr examen, décidèrent que le Gros-Chêne et Palestrie appartenaient à l'Hôpital qui devait y avoir la haute, moyenne et basse justice, excepté pour une partie de Palestrie (?), située sous le Plessis-d'Oursonval (?), « infra plesseium Ursonis de Valle. »
Le domaine du Gros-Chêne, qui comptait fort peu de terres mais beaucoup de censives au dit lieu, était affermé avec les droits seigneuriaux en 1757, 500 livres ; et en 1783, 172 livres seulement.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Rougeou (41)
Domus Hospitalis RougeouDépartement: Loir-et-Cher, Arrondissement: Romorantin-Lanthenay, Canton: Selles-sur-Cher — 41
Domus Hospitalis Rougeou
Nous lisons dans le procès-verbal de visite de la commanderie de Saint-Marc d'Orléans, de l'année 1495: « Au pays de Soullongne (Sologne), y a troys membres de ladite commanderie, c'est assavoir Rouger (Rougeou), Chaugizart (Saugirard), et Villelou (Villeloup). Audit lieu de Rouger, y a haulte justice, basse et moyenne, baillif, prevost et sergent, ou a esglize parochialle servie par séculier, et y a bien environ XI feuz. Audit lieu y a maison, grange, stables, et toutes choses nécessaires pour le fermier. »
Il nous reste peu de titres sur cette ancienne maison de l'Hôpital. Le plus ancien est une charte de Gauthier de Châtillon, seigneur de Saint-Aignan, en Berri, du mois de juillet 1247, par laquelle ce personnage donna aux frères de la maison de « l'Ospital de Rouguel et à leurs hommes le pasturage et l'effoucherer, au bois BufautDomus Hospitalis Bufaut (Le Bois-Bifaut au nord de Rougeou, carte de Cassini) et en sa terre de Chemardois », à la charge de lui rendre chaque année un muid d'avoine à prendre le jour de saint Rémi, en la grange des Hospitaliers à Rougeou.
Quelques années plus tard, un autre seigneur, Gauthier de Billy, « de Billiaco », abandonna en pure aumône aux frères de l'Hôpital de Rougeou, « fratribus Hospitalis de Rubeolo », du diocèse d'Orléans, son marais situé près de Rougeou, « mascardum situm juxta Rubeolum », appelé le marais « Aumans. » Dans les lettres de donation qui sont datées du mois de juin 1250, le seigneur de Billy leur permit, en outre, de faire pâturer leurs bestiaux dans toute l'étendue de sa terre.
Une donation plus importante, est celle provenant de Hervé de Varennes, et reçue sous le sceau du prévôt de Berri, au mois de septembre 1291. Par cet acte, Hervé déclara se donner avec tous ses biens à la maison de l'Hôpital de Rougeo, abandonnant tout ce qu'il possédait en justice, terres et seigneurie au dit lieu, avec les censives que lui devait l'Hôpital, et tous les bois et landes de TouchebraultDomus Hospitalis Touchebrault, « Tuscaberaudi (commune de Soings-en-Sologne), qui se départ de la voie par où on va de Rouger à Contres, jusques au boys de Frenne, au comté d'Auxerre, envers Souain et doudit boys en allant vers Souain, jusqu'au bois du seigneur de Villencras, en alant toujours vers Souain, jusqu'à la fin des boys à'Eschaudeau. »
Le commandeur de Saint-Marc était seigneur temporel et spirituel de Rougeou. Il avait la collation de la cure avec toutes les dîmes de la paroisse.
Le revenu de la terre et seigneurie de Rougeou était de 100 livres tournois en 1757. Il était encore de la même somme en 1783.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
Vendôme (41)
L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem est plus ancien que celui des Templiers il existait certainement avant les croisades, dès 1060, mais n'était alors qu'un ordre hospitalier, d'où il conserva son nom générique d'Hôpital ; il devient militaire pendant les croisades, et obtint alors sa plus haute popularité.Son introduction dans le Vendômois est à peu près inconnue, et les rares documents qui nous restent ne peuvent suffire pour dissiper entièrement cette obscurité.
1° Gros-Chêne
Domus Hospitalis Gros-Chêne
— La plus ancienne maison en date, nous parait être celle de Gros-Chêne, paroisse de Busloup.
En août 1209, un seigneur, Hugues Vallin, revendiquait plusieurs droits féodaux aux religieux de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem sur leurs maisons et terres de Gros-Chêne, à savoir les cens des vignes et des prés, les oublies, terrages, ventes, justice, etc. L'affaire fut portée au tribunal du pape, et son délégué, l'abbé de Sainte-Geneviève de Paris, attribua à chacun selon ses droits (1).
1. Pièces justificatives, n° 6.
L'année suivante, c'est Nivelon de Freteval qui soulève de nombreuses difficultés. La cause fut confiée à Menasses, évêque d'Orléans, secondé par le chantre et le maître des écoles de la même ville, juges délégués par le pape.
Nivelon, conseillé par Regnaud, évêque de Chartres, qui l'appelle son très cher ami, consent à reconnaître l'exemption des chevaliers pour leur maison de Gros-Chêne, le moulin de Palestine et leurs dépendances, de tous droits, corvées, bans, et autres servitudes et leur abandonne le droit de justice haute et basse, sauf sur le territoire de Palestine qui relevé de Hugues de la Vallée ; il se réserve les droits accoutumés sur les objets vendus dans le marché de Freteval, qui a lieu le mardi, excepté la viande, le pain et le vin vendus en détail dans les hôtelleries. Il fait poser des limites dans les bois du Saussay, de Corbigny et du Cochet. Sa femme Alix et ses fils Ussion, Hugues et Geoffroy et Alix sa fille approuvèrent l'acte (2), et l'évêque de Chartres le confirma de sa haute autorité (3).
2. Pièces justificatives, n° 7.
3. Pièces justificatives, n° 9.
2° Ablainville
Domus Hospitalis Ablainville
— Ce prieuré était situé paroisse de Binas, sur les frontières du Vendômois. Le premier document qui nous le fait connaître est émané de Raygnaud, évêque de Chartres, en 1209. Geoffroy Taillepied, seigneur d'Ablainville, avait construit plusieurs maisons pour lesquelles ils devaient aux religieux des redevances onéreuses il leur en abandonna la propriété à charge d'une rente annuelle de deux sous garantie par les chevaliers de l'Hôpital. Il cédait aussi les droits de justice, les coutumes et droits mortuaires (4).
4. Pièces justificatives, n° 9.
En 1212, Thibaud, comte de Blois et de Clermont, donnait à la même maison son bois de Sablon (5). Plus généreuse encore, Alix du Rouilly, veuve du seigneur de Beaugency, offrit, en 1227, la 5e partie de son avoir pour reconstruire la maison des religieux, elle y ajouta ses biens meubles, ses créances, ses vêtements, ses joyaux en quelques lieux qu'ils soient, sauf un anneau d'or enrichi d'une pierre précieuse non polie qu'elle réserve pour ses héritiers. Elle obtint en retour l'association spirituelle avec les religieux et la participation aux mérites de leurs bonnes œuvres, enfin promit de choisir sa sépulture dans leur église (6).
5. Pièces justificatives, n° 10.
6. Pièces justificatives, n° 11.
La chapelle d'Ablainville était sous le patronage de saint Jean-Baptiste, on y célébrait encore la messe deux fois par semaine au XVIIe siècle.
Thomas de Walleran, commandeur de l'Hôpital d'Ablainville, donnait à rente perpétuelle de 30 sols en 1350 à Macé Boursier de Vendôme, les maisons sises rue du Vieux-Marché de cette ville dépendant du prieuré de Tourailles (7).
7. Archives Nationales, S. 1001 B, n° 3.
3° Tourailles
Domus Hospitalis Tourailles
— Ce dernier prieuré est d'un intérêt plus immédiat pour la ville de Vendôme. Il possédait en effet plusieurs maisons à Vendôme.
En 1241, Pierre, abbé de Saint-Georges du Bois, consentit à abandonner aux frères de l'Hôpital de Jérusalem demeurant à Tourailles les cens, rentes et autres droits féodaux dont étaient chargées quatre maisons sises à Vendôme au Vieux-Marché en la censive de l'abbaye et de son prieuré de Saint-Lubin, sauf les droits de curé, de justice et seigneurie, à charge de payer chaque année une redevance de cinq sous, monnaie de Vendôme, indemne de toute réclamation étrangère, même du prieur de Saint-Sulpice. L'une de ces maisons appartenait à Arnoul de Tourailles (8).
8. Pièces justificatives, n° 12.
Pierre, comte de Vendôme, ne fut pas moins généreux. Cette même année, il accordait pleine et entière franchise de toutes servitudes féodales, redevances, bans, corvées, exactions, etc., aux religieux de l'Hôpital, à leurs maisons du Vieux-Marché, et à leurs hôtes, et les prend sous sa protection (9).
9. Pièces justificatives, n° 13.
Nous sommes heureux de finir cette analyse de chartes jusqu'ici trop ignorées, par un acte de haute munificence d'un comte de Vendôme.
Toutes les maisons, soit des Templiers, sauf Artins et les Aizes, soit des Hospitaliers furent réunies en une seule commanderie sous le nom de Sours et Arville ou du pays Chartrain, dont le revenu à la un du siècle dernier s'élevait à la somme de 25,235 livres.
Abbé Charles Métais. Chartres, le 8 janvier 1894.
Sources: Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, tome XXXIII, page 47 à 60. Vendôme 1894. - BNF
Villefranche-sur-Cher (41)
Commanderie de Villefranche-sur-CherDépartement: Loir-et-Cher, Arrondissement: Romorantin-Lanthenay, Canton: Mennetou-sur-Cher — 41
Localisation: Commanderie de Villefranche-sur-Cher
La date de la fondation de l'Hôpital et Commanderie de Villefranche est inconnue. Le plus ancien document que j'aie rencontré est une charte de 1172 par laquelle Hervé Ier, seigneur de Vierzon pour le repos de l'âme de son père et de sa mère et pour son propre salut, donne à Dieu et à l'Hôpital de Ville-franche tout ce qu'il avait défriché, planté et édifié sur la terre qui s'étend de la route de Romorantin à Langon et à Port-Martin. Parmi les témoins de cette donation, figurent, du côté des Hospitaliers, Frère Gautier, Frère Barthélémy et leur chapelain Renaud.
— Le même Hervé, par son testament fait en 1196, au moment de mourir, « cum in extremis laboraret, » lègue aux Hospitaliers cent livres, ses armures et la rente qui lui est due sur l'étal des boulangers de Vierzon.
— En 1201 Louis Ier, comte de Blois, abandonne aux Hospitaliers les droits de péage de Romorantin mais en réservant celui de Villedieu-sur-Cher.
— En 1206, Hervé IL seigneur de Vierzon, confirme la donation de la terre de Miseray, faite aux Hospitaliers par Garnier du Verdier son vassal. En récompense,
— Les Hospitaliers donnent cent livres à Garnier du Verdier.
La même année, Guillaume, archevêque de Bourges, par charte munie de son sceau, fait savoir qu'en sa présence Garnier du Verdier a donné aux Hospitaliers, à toujours, cette terre de Miseray, le cens et tous les droits qu'il y avait et, qu'en récompense de cet abandon, les Hospitaliers lui ont compté cent livres de Gien, « centum libras Giemensiuin. »
Par charte datée du 12 des calendes de janvier, l'abbé de Barzelle, le Prieur de l'abbaye de Vierzonet l'archiprêtre de Vierzon font savoir qu'un procès étant survenu entre le Commandeur de Villefranche et noble dame M. (Marquise de Macé) et P. (Pierre II de Graçay) son fils, procès pendant à Poitiers et au sujet duquel le Pape avait désigné pour arbitres l'abbé de Barzelle et P. de Cormamain, chevalier, en définitive, la dame de Graçay pour le repos de son âme et de son mari Etienne qui de son vivant, avait entamé le procès, consent à payer 40 livres tournois pour les frais du procès, et à ce que les Frères de l'Hôpital et leurs hommes aient la faculté d'aller et venir par toute sa terre, et les usages de la dite terre, « liberam facultatem eundi et redeundi per terram suam, et usagiuin super quod impetebant. »
— En 1256, les Hospitaliers soutinrent un procès au Parlement de Paris pour la haute justice du bourg de Villefranche que leur contestait le comte de Blois, comme seigneur de Romorantin. Un arrêt du Parlement en date du 2 février 1256 trancha la question en faveur du comte de Blois, haut-justicier pour les cas de meurtre, de rapt, de mutilation de membres et autres cas de haute justice. « Et il est établi, ajoute l'arrêt, que les seigneurs de Romorantin ont droit de retenir les biens des condamnés, tandis que ces biens reviennent aux Hospitaliers, s'il s'agit de cas de basse justice. »
Les Templiers avaient-ils une maison à Ville-franche ?
Je l'avais cru tout d'abord, et dans la belle maison romane qu'on voit encore dans le bourg et que, dans le pays, on appelle « la maison du Temple », je pensais qu'il fallait voir un souvenir de leur passage; mais aucun document écrit ne le prouve.
Par contre, les chevaliers du Temple avaient des préceptoreries à Vierzon, à Lespinat et à Valençay, comme nous le verrons tout à l'heure.
Ils s'établirent dans le pays peu après la fondation de leur Ordre, car dès 1140, on les trouve possessionnés dans le Bas-Berry, comme le prouve une charte ainsi datée, par laquelle les fils de Humbaud du Terrail confirment une donation faite par leur père « aux Frères du Temple de Jérusalem. » Dès lors, les dons affluèrent de toutes parts et, à la fin du XIIe siècle, les Templiers avaient d'immenses possessions dans tout le Berry.
Lors de la confiscation des biens du Temple et de leur attribution à l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, les préceptoreries de Vierzon, de Lespinat et du Bas-bourg de Valençay furent dévolues à la Commanderie de l'Hôpital de Villefranche-sur-Cher et cette Commanderie s'organisa comme suit:
— I. Le Chef. — Villefranche et ses annexes.
— II. Membre. — Vierzon, avec l'annexe de Mery-sur-Cher
Département: Cher, Arrondissement et Canton: Vierzon — 18
Domus Hospitalis Mery-sur-Cher
— III. Membre. — Lespinat
Département: Loir-et-Cher, Arrondissement: Romorantin-Lanthenay, Canton: Mennetou-sur-Cher, Commune: Villefranche-sur-Cher — 41.
Domus Hospitalis Lespinat
— IV. Membre. — L'Hôpital du Bas-Bourg de Valençay
Département: Indre, Arrondissement: Châteauroux, Canton: Valençay — 36
Domus Hospitalis Valençay
Bas-Bourg de Valençay avec l'annexe de Saint-Catherine.
Sainte-Catherine, commune de Valençay
— Ancien domaine des Templiers, vendu nationalement le 2 septembre 1793.
— V. Membre. — Villedieu-sur-Cher
Peut-être Villedieu-sur-Indre
— VI. Membre. — Bourgneuf
Département: Indre, Arrondissement: Châteauroux, Canton: Valençay, Commune: Vicq-sur-Nahon — 36.
Domus Hospitalis Bourgneuf
Bourgneuf, commune de Vicq-sur-Nahon
— Ecclesia Hospitalis de Burguo Novo, 1250.
— Ancienne commanderie dépendant de la commanderie de Villefranche-sur-Cher.
I. — Villefranche-sur-Cher
La Commanderie est ainsi décrite dans les visites de 1640 et de 1772: Le château avec tours, fossés remplis, pont-levis; église dédiée à saint Jean-Baptiste, laquelle est paroisse, où l'on voit le portrait du bailli de Gerlande enchâssé dans la muraille qui sépare l'autel de la sacristie; maison de la cure dont dépendent plusieurs prés, bois et terres; l'église de Sainte-Madeleine de Villefranche toute voûtée en forme de croix, avec les chapelles de Saint-Roch, de Saint-Vincent, de la Sainte-Vierge et de Sainte-Anne.
Du château, dépendent les domaines du Grand-
Quartier, du Brequis et de la Petite-Noue, la métairie de Chenon, la métairie de Montauger « où il se trouve d'anciens fossés appelés suivant l'usage du pays reures », maisons de la Bannie et de la Hubeloterie rue des Noues, l'auditoire, le pressoir et le four banal.
La justice, pour le bourg de Villefranche, appartient par indivis au Commandeur et au Comte de Béthune.
« Plus le dit sieur Commandeur a un droit de plaisir qui est que les nouveaux mariés des paroisses de l'Hôpital et de Villefranche doivent casser les pots le jour de Noël, après vêpres, savoir ceux de l'Hôpital au lieu de la Belle-Croix et ceux de Villefranche, à la Croix-Boissier et se faut courir; lesquels pots sont fournis par les jeunes hommes des dites paroisses, appelés bacheliers, qui courent après; s'ils les prennent, les jeunes mariés paient les pots et, s'ils ne sont pris, ils sont francs et quittes des dits pots. Et s'ils sont défaillants, le dit jour, à casser et courir, ils doivent trois livres d'amende. »
C'était là un droit fantaisiste destiné surtout à réjouir le populaire; mais nous verrons, à l'article de Vierzon, que les Commandeurs avaient des droits plus profitables.
Je trouve un droit bien plus singulier en la Commanderie de Villedieu, dans une visite de 1652: « Les jeunes Uomm'es de Villedieu étant à marier sont obligés, sous peine de trois sols Estevenants d'amende par chacun défaillant, de, trois fois clans l'année, assavoir le jour de Noël, de la Toussaint, et de la Purification de Notre-Dame dite Chandeleur, de porter une grande tronche de bois au feu de la cuisine du Commandeur, lorsqu'il demeure en sa commanderie, et en l'absence d'icelui, à ceux qui ont charge de la maison. Et les dits jeunes hommes ont l'autorité, à chacun des dits trois jours, de prendre une michotte de pain, de ceux qui sont offerts en la chapelle joignant la dite Commanderie; et le sieur Commandeur a le droit de monter sur la dite tronche si bon lui semble et les dits jeunes hommes sont obligés de le porter en tel équipage jusques à la cheminée. » (Archives du Rhône, H. 144.)
Il y avait aussi, à Villefranche, four banal, moulin banal, droit de passage et pontonage. Voyons maintenant ce qui subsiste de la Commanderie.
A un kilomètre du bourg de Villefranche, sur la droite de la route de Romorantin, on aperçoit les ruines imposantes de la Commanderie. Grâce aux documents écrits, à la déclaration faite en 1640 au bureau des amortissements de Paris et aux procès-verbaux des visites, grâce enfin aux souvenirs d'un vieillard octogénaire, qui avait travaillé, en 1870, à la démolition de la chapelle et avait recueilli les souvenirs de son père qui, lui, avait travaillé à la démolition du château, j'ai pu reconstituer l'état assez exact de la Commanderie, non pas seulement avant la Révolution, mais jusqu'à la Restauration, époque à laquelle commencèrent les démolitions.
Il reste encore quatre tours dont trois, qui sont du XVe siècle, sont reliées par des courtines; la quatrième, isolée, est plus importante et plus ancienne, car les archères qui existent à la base indiquent le XIVe siècle; celle-ci, seule, est encore entourée de fossés à moitié comblés. Il y avait une cinquième tour, semblable à celle dont je viens de parler et tenant à l'enceinte qui était à peu près rectangulaire. Au milieu de l'enceinte était un donjon carré où se trouvaient les appartements du Commandeur et qui ne fut démoli qu'en 1820. Au-dessous, était une cave voûtée; on voyait à la voûte des anneaux de fer scellés qui, suivant la légende, supportaient des instruments de torture. Cette cave a été détruite et comblée. Dans l'enceinte aussi, était la chapelle qui resta paroisse jusqu'à la démolition en 1830 et la cure. L'Hôpital était en dehors de l'enceinte au levant; on voit encore quelques débris d'épaisses murailles, qui en faisaient partie. Le cimetière était attenant, on y trouva une immense quantité d'ossements. Le jardin était au couchant, en dehors de l'enceinte; on voit encore, bien conservé, le bassin, alimenté par une source, qui servait à l'arrosement, et où l'on descend par un escalier de pierre.
Près du chevet de l'église, un affaissement s'étant produit dans le terrain, il y a quelques années, on voulut en savoir la cause et on entreprit des fouilles qui aboutirent à une voûte effondrée et à une porte murée; tandis qu'on attaquait cette porte, un éboulement se produisit qui causa un accident grave: un ouvrier eut une jambe et un bras cassés. Le propriétaire du terrain ne voulut pas poursuivre les recherches et jamais plus on n'y revint.
Il y avait là évidemment l'amorce d'un souterrain qui allait à Villefranche, car la porte était placée dans cette direction; on a trouvé du reste, il n'y a pas bien longtemps, et tous les habitants de Villefranche s'en souviennent, dans la cour de la poste actuelle, à la suite aussi d'un affaissement du terrain, un souterrain qui se dirigeait du côté de la Commanderie. Une tradition locale voulait que le souterrain en question allât jusqu'au Cher, passât sous la rivière et aboutît à l'abbaye d'Olivet, située en face de Villefranche; cette tradition est évidemment erronée.
Un document de 1409 nous apprend quel était le personnel de la Commanderie à cette époque. C'est une procuration générale donnée, parle Grand-Prieur d'Auvergne pour la Maison de Villefranche et dépendances, aux très chers frères de cette sainte maison, « carissimos fratrcs ejusdem sacre domus »: Pierre de Manzes. Commandeur. Jean de Fabre, Jean du Val, Denis de Page et Jean de Farges. Ces personnages étaient des chevaliers, des servants d'armes ou des chapelains de l'Ordre.
Dans le bourg de Villefranche, il faut admirer la belle église de Sainte-Madeleine, qui dépendait de la Commanderie. Elle est « voûtée en forme de croix » comme le dit la visite de 1640; malheureusement, deux travées ont été supprimées lors de réparations jugées trop dispendieuses, au XVIIe siècle.
C'est sans doute à ces réparations qu'il faut rapporter une inscription lapidaire placée au-dessus delà petite porte latérale par laquelle on pénètre dans l'église: « L'an de N. S. 1746, M. A. de Thiange chevalier Grand croix de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem étant Commandeur de ce lieu, le peignon de cette église a été bâti, la charpente et les couvertures en ont été refaites, et le clocher tout réparé. »
Cette église, qui date de la fin du xne siècle ou du
Commencement du XIIIe siècle, a-t-elle été bâtie par les chevaliers de Saint-Jean ?
On pourrait le croire, à en juger par les palmes si finement sculptées et les fruits exotiques qu'on voit sur les chapiteaux des colonnes et qui semblent rappeler des voyages d'outre-mer. A remarquer aussi le chapiteau d'une des colonnettes de la chapelle latérale de gauche qui représente un crocodile; c'est là encore un souvenir d'Orient.
Les voûtes ont été faites ou refaites du temps d'Anne de Bretagne, car les clefs de voûte portent alternativement les armes pleines de France et l'écusson parti de France et de Bretagne.
Dans les travées de droite et de gauche, on voit aussi des écussons portés par des anges, mais les armoiries ont été martelées.
Ca et là des modillons représentent des personnages grotesques et notamment, répété deux fois, un monstre à face humaine portant un bâton noueux.
Au fond de la travée de gauche, on lit sur une pierre gravée en creux: « Icy gist Honnorable home Me Jean Boutiller qui de son vivant avec dame Ma-thiellay sa famé ont construit la présente chapelle en l'honneur de Sainte-Anne, et ont icelle dottée de six septerées de bled de rente par an, à prendre sur la pinère de l'hospital, rendu conduit à la cure de céans, à la charge de célébrer une messe tous les mardis. Priez Dieu pour leurs âmes. Le 6 janvier 1663. »
Sources: M. Le Comte de Toulgoët-Treanna — Mémoire de la Société des Antiquaires du Centre — Bourges 1912
Villeneuve-sur-Beuvron (41)
Hôpital de Villeneuve-sur-BeuvronDépartement: Loir-et-Cher, Arrondissement: Romorantin-Lanthenay, Canton: Neung-sur-Beuvron, commune: Montrieux-en-Sologne — 41
Localisation: Hôpital de Villeneuve-sur-Beuvron
La maison de l'Hôpital de Villeneuve était fort ancienne. Elle est mentionnée dans la donation faite à l'Ordre, en 1174, de l'église du Martrois dont nous avons parlé, et où figure comme témoin un nommé Guano, prévôt des frères de l'Hôpital de Villeneuve, « prepositus fratrum Hospitalis de Villa nova. »
Le domaine de l'Hôpital consistait, au XIIIe siècle, en une maison, four à ban, halles, pressoir, terres, et en deux moulins sur la rivière de Beuvron, appelés l'un le moulin de la FosseHôpital de la Fosse
Et l'autre, le moulin de VillevaudranHôpital de Villevaudran.
Le quart du moulin de Vilvaudran, « de villa Vaudrain », avec la mouture des hommes de Villeneuve et trois masures situées devant la maison de l'Hôpital, fut concédé en 1212 à un chevalier, du nom de Robert Bechigrain, moyennant la redevance annuelle de huit setiers d'orge, un setier d'avoine et huit sols monnaie de Chartres.
Des lettres de Godefroy, archidiacre de Sologne, du mois de septembre 1257, contiennent l'abandon fait aux frères de l'Hôpital de Jérusalem, par Eudes de l'Ile-Marin, « de Insula Marini », d'une partie des censives de Villeneuve-sur-Beuvron, « Ville nove super Buvrum », et des terrages dans la terre de l'Hôpital autour de Villeneuve.
La terre et seigneurie de Villeneuve, moins la maison qui n'existait plus, fut donnée à bail emphytéotique en 1508, au canon annuel de 6 livres 9 sols.
Un dénombrement de cette terre en 1577, porte qu'elle consistait en une maison près de la rivière, « laquelle est faite en barbequiens, soubz l'un desquelz y a eust d'ancienneté un estail de boucher a vendre char, joignant d'un long sur le grant chemyn tendant dudit Villeneufve à Vernon; et d'un bout au cimetière dudit Viileneufve. »
Cette maison servait de halle. Elle fut démolie au XVIIe siècle, parce qu'elle tombait en ruines. Il ne resta plus que les terres au nombre de 50 boisselées, un jardin et cinq journées de vigne à La Brizerie. Leur revenu, avec les droits seigneuriaux, était de 60 livres en 1757, et de 110 livres en 1783.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)