Commanderie de Corbeil
Le Prieuré de Saint-Jean-en-Lîle-lez-Corbeil
Chapelle Saint-Jean de Corbeil — Sources: Jack Bocar
Commanderie de Saint-Jean-de-lIsle-les-Corbeil
Département: Essonne, Arrondissement: Evry, Canton: Corbeil-Essonnes — 91
Saint-Jean-de-lIsle-les-Corbeil
En 1184, les Hospitaliers reçurent, à titre daumône, dAlice de Bergeres, huit arpents de terre dans lîle de Corbeil, « apud Corbolium in insula », où ils ne devaient pas tarder à bâtir leur maison.
En effet, cette maison, avec une chapelle, existait lannée suivante, comme on peut le voir daprès une charte de Maurice, évêque de Paris, de lannée 1185, relative à une donation faite par Cécile de Bruyères à lHôpital de Corbeil, de deux arpents de pré à Corbeil, appelés ensuite les Prés de Saint-Jean. Cette charte est datée de Corbeil, de la maison des frères de lHôpital, le jour de la dédicace de leur chapelle, « die dedicationis eorum capelle. »
Quelques années après, en 1188, nous voyons la reine Alix, mère de Philippe-Auguste, accorder aux Hospitaliers le droit davoir deux moulins à fouler draps dans lile de Corbeil, défendant à quiconque et sinterdisant à elle-même den construire dautres pour le même usage.
Un autre moulin, appelé Courbreton (?), près Corbeil, « molendinum de Correcebretum juxta Corbolium », leur fut donné en 1192 par Milon de Savigny. Ils acquirent encore, dans les dernières années du XIIe siècle, un four banal sis à la tête du Pont-sur-Essonne, « ad caput pontis super Essonam », et des rentes foncières à Lanorville, « apud Norvillam. »
Mais ce qui donna une grande importance à la maison de lHôpital de Corbeil, ce fut la fondation dun prieuré que la reine Isburge, veuve de Philippe-Auguste, y établit en 1223. Il nous reste un vidimus dune bulle du pape Honoré, de lannée 1225, qui approuve et confirme cette fondation sur les bases convenues entre la Reine et Guerin de Montaigu, alors Grand-Maître des Hospitaliers. On voit par cette bulle que lOrdre devait entretenir dans léglise de lHôpital de Corbeil, « in ecclesia Hospitalis de Corbolio », treize frères prêtres, afin de prier pour la Reine, son défunt époux et leurs prédécesseurs;
Que chaque jour, trois de ces religieux diraient trois messes de requiem, à lintention de ces derniers;
Quil serait choisi parmi eux un Prieur capable dadministrer les affaires spirituelles et temporelles du couvent;
Quil serait accordé par la Reine, pour la nourriture et lentretien de chaque religieux une pension annuelle de douze livres;
Que le nombre des religieux devait toujours être complet; car sil arrivait quil fût au-dessous du chiffre fixé, leur pension cesserait dêtre payée, etc.;
La bulle confirme en outre la réunion quavaient faite les Hospitaliers, de leur maison de Tigery, au nouveau prieuré, pour en accroître les revenus.
En lisant ce que labbé Lebeuf, Duchêne, Delabarre et autres historiens ont écrit sur le prieuré de Saint-Jean-en-lIle, on pourrait croire que ce fut la fondation de ce prieuré qui emmena les Hospitaliers à Corbeil. Nous avons vu par les titres ci-devant rapportés quils y étaient bien avant ce temps, et que la maison et la chapelle quils y possédaient, servirent à linstallation du nouveau prieur et de ses religieux.
Dès ce moment, la maison de lHôpital prit le nom de Prieuré de Saint-Jean-en-lile-lez-Corbeil, et devint un des principaux établissements de lOrdre dans la Langue de France. Les Grands-Prieurs, qui au XIIIe siècle étaient presque tous prêtres, faisaient leur résidence habituelle dans la maison de Corbeil. Ils y tenaient leurs chapitres, comme on peut le voir dans un assez grand nombre dactes datés de Corbeil, avec cette mention « in nostro capitulo generali. »
Mais ces jours de prospérité et de gloire pour le Prieuré de Saint-Jean, ne devaient pas toujours durer. Après avoir été mis en possession des biens des Templiers, les Hospitaliers crurent devoir transporter de Corbeil à Paris, dans la maison du Temple, le siège de leur Grand-Prieuré de France. Il nen fallait pas davantage pour que le Prieuré de Saint-Jean vit pâlir son étoile et décroître sa renommée avec son importance, surtout au milieu des temps malheureux quon venait de traverser. Une grande mortalité avait régné à Corbeil et dans les environs vers le milieu du XIVe siècle. Presque tous les censitaires de lHôpital étaient morts. Le prieur ne recevait presque plus rien de ses revenus. A bout de ressources, il allait être obligé de congédier la plus grande partie de ses religieux. Cétait la ruine de son établissement; mais heureusement elle fut conjurée par Guillaume de Mailg, alors Grand-Prieur de France, qui convoqua en 1353 un chapitre général à Corbeil. Sur sa proposition, le chapitre « considérant que par six prestres qui resteraient au Prieuré, le divin service ne pourroit estre faict, et que honte, deshonneur, vitupéré et dommage seroit à toute la religion, si ung tel lieu comme la maison et Prieuré de Corbeil, qui est le plus noble et le plus principal et honneste membre du Prieuré de France, decheoit, » le chapitre, disons-nous, décida que le Prieuré de Saint-Jean devait être maintenu dans son ancien état et quil lui serait adjoint la maison de Savigny-le-Temple, dont les revenus dun recouvrement certain compenseraient les pertes quil avait essuyées.
En 1370, Robert de Juilly, Grand-Prieur, obtint du Grand-Maître de lOrdre, toujours pour subvenir aux besoins du Prieuré de Saint-Jean, de lui faire appartenir le vacant des prébendes des églises de Noyon, de Saint-Quentin, de Péronne et de Roye, dont jouissait, comme nous le verrons, la commanderie dEterpigny. On y ajouta encore au XVe siècle dautres revenus, et notamment les biens de lancienne commanderie de Melun qui avait été supprimée.
Malgré cela le Prieuré ne pouvait se soutenir, le nombre des religieux allait toujours en décroissant; il était de huit au XVIe siècle, et nétait plus que de cinq au siècle suivant. Dun autre côté beaucoup dabus sétaient glissés dans la maison par linobservation des règlements et par défaut de surveillance des Grands-Prieurs. Ceux-ci nommaient précédemment le Prieur de Corbeil et le choisissaient toujours parmi ceux qui avaient des droits à obtenir ce bénéfice. Plus tard on laissa les religieux élire entre eux leur Prieur, qui jouissait comme un véritable titulaire de tout le temporel de la commanderie. Cet abus qui dura assez longtemps fut enfin dénoncé à Malte, au conseil des chevaliers de la Langue de France, où on décida qua lavenir le Prieuré de Saint-Jean-en-lIle serait attaché à la dignité de Trésorier général de lOrdre. Cette décision prise en 1631 fut approuvée par le pape Pie IV en 1639. Elle rencontra toutefois quelque opposition de la part des ministres du roi, mais Louis XIV finit par lui donner son approbation dans des lettres patentes du 10 décembre 1644.
Sous les Grands-Trésoriers les affaires du Prieuré nen marchèrent pas mieux. Presque toujours absents à cause de leurs fonctions, ils devaient confier à des mandataires le soin des intérêts quils avaient à Corbeil. Ladministration des chevaliers de Rocourt et de Talhouet excita en 1564 des plaintes assez graves. On reprochait à M. de Rocourt davoir laissé un Monsieur Juselin incorporer des terres du Prieuré dans son domaine de Chantemerle (Chantemerle, entre Essonnes et le Prieuré de Saint-Jean-en-lile, carte de Cassini) et à M. de Talhouet, qui avait succédé à M. de Rocourt, davoir toléré cette usurpation, de ne jamais visiter le Prieuré et dy laisser tomber tout en ruine. Les chevaliers de la Langue de France ordonnèrent au Grand-Prieur de faire une enquête sur tous ces faits. Celui-ci chargea de cette mission le chevalier de Fleurigny. Pendant ce temps-là, M. de Talhouet adressa au Grand-Prieur un long mémoire où il se disculpait des choses quon lui reprochait. Il envoya en même temps le président de Talhouet, son neveu, pour plaider sa cause près du Chapitre qui devait sassembler. Laffaire sarrangea et il fut convenu que M. de Talhouet ne toucherait rien des revenus du Prieuré aussi longtemps que tout ny fut remis en bon état et que les réparations quil y avait à faire aux bâtiments ne fussent entièrement soldées.
Les bâtiments qui composaient le Prieuré étaient assez considérables et renfermés dans un grand enclos. Au milieu se trouvait léglise, à gauche le cloître et les chambres des religieux, à droite la maison du Prieur, en face un très-grand bâtiment appelé le Palais, où habitait le Grand-Prieur, lorsquil résidait à Corbeil, et qui servait aussi alors à la réunion des chapitres.
Le procès-verbal de visite du Prieuré en 1495, nous montre léglise « sumptueusement edifflée et grande et à croisées, bien entretenue de murailles, verrieres et couverture, avecq un beau clochier couvert partie dardoises et de plomb à deux cloches grosses. »
Chapelle Saint-Jean de Corbeil
Chapelle Saint-Jean de Corbeil — Sources: Jack Bocar
« Sur ledit grand hostel, une table de bois doré belle et notable et bien ouvrée, en quoy est lAssomption Nostre-Dame et les Apostres et sur ladite table à chascun bout une Sainte-Ymaige de nostre Dieu et de Saint Jehan-Baptiste. »
« Autour dudit hostel environné de hucherie faictebien richement, plusieurs ymaiges tout neuf bien et richement faict. Item quatre colompnes de métal à quatre angles dessus de métal neufz bien et richement fais par le prieur frère Jehan Foulon. »
« Sur le grant hostel quatre petis chandeliers de métal tous neufz faitz par ledit prieur dessus dit. »
« En la closture dudit grant hostel, deux grans chandeliers de cuivre. Item deux courtines bandées à bandes de bleu et de rouge faites de nouvel par le prieur. »
« Au côté dextre, une chaisere contenant trois sièges pour le prestre, diacre et soubdiacre, labour de hucherie bien richement, esquelles y a ung crucefix, deux ymages de Nostre-Dame et de Saint-Jehan-Baptiste et de Saint-Jehan lévangéliste armoiés des armes du Roy et de la Royne, des armes de lOspital, de Monseigneur le Grand-Prieur et du Prieur. »
« Sur la tombe de la Royne deux petits chandeliers de cuivre de vielz estat, (Cette tombe était celle de la reine Isburge, fondatrice du Prieuré de Saint-Jean-en-lIle) »
« Autour du grand hostel a sept fenestres de voirrieres belles et notables. »
« Au corps de lesglise a ung jubé faict de bois sur lequel y a ung crucefix et une horloge toute neufve faicte par ledit Prieur. »
« Au cuer tout environné en chaises de costé et daultre, et au moitan un lustrain de bois et ung banc à seoir les choriés. »
« En ladicte esglise y a douze fenestres de voirieres et huict croisées de voulte belles et notables. »
Le même document mentionne quil existait alors dans les jardins du Prieuré « une chapelle ancienne, nommée la chapelle Nostre-Dame, en laquelle a une chasse de cuyvre, ouvrage de Lymoges, dessus un très-bel autel de pierre. »
Autour du Prieuré et sur les bords de la rivière dEstampes, sétendait une belle prairie de plus de cent arpents qui allait jusquà la maison de Chantemerle.
LHôpital possédait aux environs de Corbeil quelques vignes au clos Lecomte, à Boucornu, aux roches de Saint-Jean et au Tartaret. Ces vignes servaient à faire le vin quon consommait au Prieuré.
Il possédait encore 200 arpents de terre arable sur Corbeil aux Coquibus; sur Essonnes près le bois des Granges, sur Villabé, à la Coudraye, à la Saussaie, aux masures de Vaux etc.
210 arpents de bois dans la forêt de Senard appelés le bois de lHôpital, vers Tigery; le bois de Saint-Jean ou de la Motte du Parc sur la route de Mongeron.
520 arpents de bois dans la forêt de Rougeau.
Le bois de Langlée (104 arpents) entre Breviande et Boissise-la-Bertrand.
Il appartenait à lHôpital dans le faubourg Saint-Jacques à Corbeil un pressoir et plusieurs maisons, qui lui provenaient des Templiers auxquels ces immeubles avaient été donnés en 1267 par une dame du nom de Marguerite de la Grange (Jean de la Barre, Antiquités de Corbeil, page 25.)
Il y avait aussi dans la ville un grand hôtel nommé La-Queue-du-Renard, entre la rue du Blanc-Pignon et celle des Rosiers, aboutissant à la rue du Petit-Saint-Jean. Cet hôtel avait été lobjet dune donation faite en 1440 au Prieur de Saint-Jean-en-LIsle, par Jean de LIsle et Isabeau sa femme, à la condition de faire célébrer dans léglise du Prieuré, après leur mort, chaque année et à perpétuité, un service solennel pour le repos de leurs âmes.
LHôpital avait la haute, moyenne et basse justice dans le domaine dépendant de son Prieuré. Il jouissait de cens et de redevances foncières sur plusieurs maisons et héritages à Corbeil, Chantemerle, Fontenay-en-Brie et lieux environnants. Il percevait des droits de dîme à Mormant et à Vilbert.
Un de ses plus grands revenus était un droit de minage qui rapportait plus de 50 muids de grain par an. Ce droit se prenait sur tous les grains qui se vendaient au marché ou sur les ports, dans toute la prévôté de Corbeil; il avait été concédé au Prieur de Saint-Jean-en-lIle, en 1224, par le roi Louis VIII, au nom de sa mère, la reine Isburge.
Les biens et revenus que nous venons dénumérer rapportaient au Prieuré, en 1783, 21,500 livres.
Passons maintenant aux membres ou maisons qui ont dépendu de ce Prieuré et qui formaient ce quon appelait la commanderie de Corbeil. Cétaient:
Domus Hospitalis Tigery
Domus Hospitalis Tigery
La maison de Montauger
Domus Hospitalis Montauger
Savigny-le-Temple
Domus Hospitalis Savigny-le-Temple
Domus Hospitalis de Ozouer-le-Voulgis
Domus Hospitalis Ozouer-le-Voulgis
Et la maison du Clos-Bruneau à Paris.
Voici maintenant le revenu général du prieuré de Corbeil à diverses époques. Le Livre-Vert nous le donne comme étant de 695 livres 2 sols 8 deniers en 1373. Il ne pouvait suffire à lentretien de son personnel, composé alors dun prieur, de cinq frères prêtres et de quatre donnés, dont la nourriture coûtait 863 livres par an.
En 1456, ce revenu était de 400 livres, défalcation faite des charges.
En 1583, il sélevait à 3,000 livres.
En 1634, à 8,500 livres.
En 1704, à 43,000 livres.
En 1757, à 44,000 livres.
En 1783, à 35,000 livres.
Noms des Prieurs-Commandeurs de Corbeil
1185. Frère Ansel, magister domui Hospitalis de Corbolio.
1228. Frère Gilles de Besencourt, prieur.
1239. Frère Pierre dOrléans, prieur.
1259. Fr Girard, prieur.
1287. Frère Anselme, prieur.
1295. Frère Renier de Lapion, prieur.
1330. Frère Guy de Bauchisy, prieur.
1355. Frère Thomas Mouton, prieur.
1363. Frère Jean de Hesdin, prieur.
1370. Frère Eustache De Laistre ou De Latre, prieur.
1381. Frère Jean de Fresnoy, prieur.
1396. Frère Guillaume Guilleraut, prieur.
1406. Frère Urbain Paulmier, prieur.
1409. Frère Jean Soubaut, prieur.
1440. Frère Jean Martel, prieur.
1446. Frère Jean Foulon, prieur.
1470. Frère Jean Leroy, prieur.
1482. Frère Nicole Lesbahy, prieur.
1505. Frère Etienne Bernard, prieur.
1515. Frère François de Bourdon, prieur.
1526. Frère Guillaume Quignon, prieur.
1544. Monseigneur François de Lorraine, Grand-Prieur de France. (Quoiquil ne fût pas prêtre, il put devenir prieur de Saint-Jean-en-lIle en vertu de dispenses accordées par le Grand-Maître de lOrdre et approuvées par le Saint-Siège.)
1562. Frère Pierre Ourier.
1576. Frère Michel de Sevre, chevalier, Prieur de Champagne.
1599. Frère Jacques de Harlay, chevalier, ambassadeur de lOrdre en France.
1629. Frère Léon-François de Neuville dAlincourt, chevalier.
1632. Le chevalier de Villeroy.
1644. Frère Jean Hac.
Grands Trésoriers Commandeurs
1644. Le chevalier Maximilien de Dampont.
1648. Le chevalier François de Gourcelles-Rouvray.
1652. Le chevalier Nicolas de Paris-Boissy. 1654. Le chevalier Henri du Chatelet de Moyencourt.
1655. Le chevalier Philippe de Meaux-Rocourt.
1661. Le chevalier François de Talhouët, commandeur de Moulins et de Loudun, au Prieuré dAquitaine.
1671. Le chevalier Artus Chenet de Mus, commandeur des Espaux au même Prieuré.
1672. Le chevalier Charles Duval de Coppeauville.
1674. Le chevalier Adrien de Vignacourt.
1690. Le chevalier Nicolas de Chevestre de Cintray.
1700. Le chevalier Jean du Hamel.
1706. Le chevalier Charles de Choiseul dEsquilly, commandeur de Ruetz au Prieuré de Champagne.
1716. Le chevalier Laurent de Martel, du Prieuré dAquitaine.
1719. Le chevalier François-Marie Desbans de Mareuil.
1721. Le chevalier Jean-Baptiste de Briçonnet.
1724. Le chevalier François Dauvet des Maretz.
1743. Le chevalier Louis de Brilhac, commandeur des Espaux au Prieuré dAquitaine.
1749. Le chevalier Eustache de Vauquelin-Deschenes.
1750. Le chevalier Jean-François de Boully de Turquan, commandeur de la Feuillée, au Prieuré dAquitaine.
1758. Le chevalier Alexandre de Grieu.
1765. Le chevalier Anne de la Magdeleine de Ragny, commandeur de Ruetz au Prieuré de Champagne.
1782. Le chevalier François de Paul Lefebvre dOrmesson.
1786. Le chevalier Jacques-Armand Rogres Lusignan de Champignelles.
Domus Hospitalis de Tigery
Département: Essonne, Arrondissement: Évry, Canton: Saint-Germain-lès-Corbeil — 91
Domus Hospitalis de Tigery
Tigery était le plus ancien membre du Prieuré de Saint-Jean-en-LIsle. Dans la bulle du Pape Honoré qui confirme, en 1225, la réunion de cette maison au prieuré quon venait de fonder; il est dit que Tigery était alors tenu par un frère de lOrdre du nom de Durand qui devait en jouir jusquà son décès.
Le revenu de la maison de Tigery était en 1757 de 500 livres.
LHôtel des Clos
Département: Essonne, Arrondissement: Évry, Canton: Saint-Germain-lès-Corbeil — 91
Hôtel des Clos
La Grange de Champagne
La Grange de Champagne
Les Hospitaliers y bâtirent ensuite une maison et avaient réuni là, à la fin du XIVe siècle, plus de cent arpents de terre, avec une dîme quon appelait la dime des Bordes de la Quarantaine de Champagne.
La maison fut détruite pendant les guerres du XVe siècle. Le domaine redevint ce quil était avant, cest-à-dire une simple grange qui, avec les terres, était affermée en 1476 douze livres tournois.
Domus Hospitalis Montauger
Département: Essonne, Arrondissement: Évry, Canton: Évry-Sud — 91
Domus Hospitalis de Montauger
Un autre désaccord survint en 1222 entre les Hospitaliers et les religieux du couvent du Fossé, sur la perception des dîmes provenant des moines de la Charité, aux territoires de Montauger et de Boucornu. Les religieux consentirent à labandon de tous leurs droits en faveur de lHôpital, à la condition de recevoir chaque année une double pièce de vin du territoire de Montauger, au temps des vendanges, et du premier pressurage des vins de lHôpital
Les guerres du XVe siècle, qui avaient ravagé le pays, avaient entièrement ruiné le domaine de Montauger. Les vignes avaient été arrachées, la chapelle était détruite, la maison inhabitable. Il ne restait plus à Montauger quun seul habitant, le fermier de lHôpital: « et au villaige qui est tout en ruyne ny a personne qui y demeure que ung bon homme et sa femme, qui doit rendre des maisons et terres de lOspital quatre francs. »
Lorsque la guerre ou un autre événement avait ruiné et détruit un de leurs domaines, il arrivait parfois que les Hospitaliers, voulant éviter des frais de reconstruction, jugeaient plus profitable de le donner à cens et à rente perpétuelle. Cest ce quils firent à légard de leur maison de Montauger quils arrentèrent, en 1487, à Pierre Versoris, avocat au parlement de Paris, moyennant une redevance annuelle de 42 écus sol. Le domaine comprenait alors plus de cent arpents de terre.
Après Pierre Versoris, la terre de Montauger passa à Balthazar Chahu, seigneur de La Papotière, et après celui-ci à Lazare Pena, écuyer, seigneur de Moustiers, ainsi que le constatent divers actes de foi et dhommage rendus au Prieur de Saint-Jean-en-lIle, en 1613 et 1640.
Domus Hospitalis de Savigny-le-Temple
Département: Seine-et-Marne, Arrondissement: Melun, Canton: Savigny-le-Temple — 77
Domus Hospitalis de Savigny-le-Temple
Léglise de Savigny
Domus Hospitalis église de Savigny
Parmi les donations faites aux Templiers dans le XIIe siècle, nous remarquons celle dun croisé du pays, Gaudefroy de Nandy. La charte qui la renferme est datée de Saint-Jean-dAcre, au moment du siège, en 1191. Gaudefroy y déclare donner à Dieu et aux frères de la chevalerie du Temple de Salomon une terre à deux charrues, « terram ad duas carucas », dans le territoire de Savigny, « in terra Savine », à prendre de lautre coté du bois, vers Nandy, ou dans tout autre endroit, au choix des Templiers. Les témoins de cette donation sont également des croisés, seigneurs des environs de Savigny; Hugues de La Ferte-Alais, Bochard de Moigny, Guillaume de Saint-Martin et Hugues de Marchais.
Saint-Leu
Domus Hospitalis
Des portions de dîme sont encore données aux Templiers sur les territoires de Savigny et des villages environnants, en 1177 par Gui de Melun, chanoine de Sens, en 1205 par Raoul Morin, en 1211 par Guillaume du Châtellier, en 1229 par Adam de Milly, en 1230 par Eudes Leuverdys, chevalier, etc.
Les acquisitions de terres continuèrent au XIIIe siècle, de sorte que le domaine de Savigny comptait plus de 1500 arpents, au moment où lordre du Temple fut supprimé.
Sous les Hospitaliers, la commanderie de Savigny-le-Temple continua de prospérer et devint lun des plus beaux domaines du pays. Lhôtel du commandeur, vulgairement appelé le Château ou la Grande-Cour, était situé près de léglise. Dun côté se trouvaient la basse-cour et la ferme du château, de lautre une chapelle dédiée à Saint-Jean, en face un grand bâtiment où le bailli de Savigny, au nom du Commandeur, rendait la justice du lieu et de son ressort qui comprenait: Villebohet ; La Grange-du-Bois et autres dépendances de Savigny.
Saint-Leu, Noisement
Département: Seine-et-Marne, Arrondissement: Melun, Canton: Perthes, Commune: Fleury-en-Bière — 77
Domus Hospitalis
Le Plessis-le-Roi
Domus Hospitalis
La rivière de Barlory passait devant le château et traversait une grande partie des terres, en faisant tourner le moulin banal de la commanderie, appelé le moulin Follet. Le Commandeur avait le droit de pêche dans cette rivière comme celui de chasse dans toute la seigneurie.
Les terres du domaine de Savigny étaient divisées et reparties en plusieurs fermes. Il y avait la ferme du Château, la ferme de la Malaquinerie, sur le chemin de Melun à Corbeil, la ferme de la Grange-du-Bois, près de Villebohet, la ferme de la Barre, dans la rue de Savigny à Moissy, la ferme des Mesnys et la ferme du Plessis. Ces trois dernières fermes avaient été acquises par voie déchange, le 17 juin 1656, de Nicolas Fouquet, chevalier, comte de Melun, vicomte de Vaux, ministre dEtat et procureur général du Roi au parlement de Paris, à qui les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem avaient donné en contre-échange, cent vingt arpents de terre à Maincy et à Rubelles.
De toutes ces fermes, il nexistait plus, au siècle dernier, que celle du Chateau, à laquelle les terres des autres avaient été réunies.
La commanderie avait un grand nombre de censives et de rentes foncières sur des maisons et des terres à Savigny, ainsi quà Gaudrée, Rougeau, Croix-Fontaine, etc.
Les fiefs qui relevaient de la seigneurie du temple de Savigny étaient, daprès une déclaration de 1692, au nombre de sept.
Le premier et le plus important, était la terre et seigneurie de Saint-Leu, avec la haute, moyenne et basse justice, consistant en maisons, terres, cens, et possédée à lépoque dont nous parlons, par M. De Santeuil, conseiller du Roi, et trésorier de France.
Venaient ensuite: le fief de Coulevrin, situé à Savigny, et consistant en une cinquantaine darpents de terre;
Le fief de Forges, appartenant au président De La Grange, situé aussi sur Savigny, entre Saint-Leu et Saint-Port, et consistant en un grand hôtel, en la moitié des moulins de Forges, et en quelques terres à labour;
Le fief de la Souche, près Saint-Port, comprenant 21 arpents de bois à M. Antoine de Linois, conseiller et secrétaire du Roi, seigneur et baron de Saint-Port et de Sainte-Assise;
Le fief du Petit-Plessis-le-Roi, dans le finage de Savigny, consistant en maison, terres, pâtures et autres héritages, possédé par M. le président De La Grange, à la charge dune rente de 25 livres, payable chaque année à la commanderie;
Le fief de Champlatreux, également sur Savigny, appartenant à Mme Delamarre, comprenant cens, bois, arrière-fiefs et une maison, sise sur le chemin de Corbeil à Melun;
Enfin, un autre fief qui ne portait aucun nom, et qui avait pour objet une pièce de terre sur Savigny.
Le revenu de la terre de Savigny était de sept mille livres, en 1792.
LDomus Hospitalis de Melun
Département: Seine-et-Marne, Arrondissement et Canton: Melun — 77
Domus Hospitalis de Melun
Quelques années après, en 1200, Alix, reine de France, comfirmait une donation que leur avait faite Drogon de Latre, « de atrio », dune rente de onze sols parisis, sur un moulin, au pont de Melun, quon appelait Moulin-de-lOiselet.
Mais les Hospitaliers ne sétablirent dans cette ville, que lorsque Philippe-Auguste leur eut donné des terrains pour y bâtir leur maison. En effet, le Roi, par des lettres de lan 1210, déclara concéder pour le salut de son âme et de celle dAlix, sa mère, à la maison de lHôpital de Jérusalem, des terres ou champs, « plateas », à Melun, près de lécole des Juifs, « juxta scolam Judeorum », avec des vignes qui se trouvaient entre ces champs et la rivière.
Cest sur ces terrains, situés en dehors de lancienne porte Saint-Jean, touchant aux fossés de la ville, et sur la paroisse de Saint-Aspais, que les Hospitaliers, avec la bienfaisance royale, élevèrent leur maison. Ils voulurent ensuite y établir une chapelle et un cimetière; mais les religieux du couvent de Saint-Pierre-de-Melun sy opposèrent, comme ayant le patronat de léglise de Saint-Aspais. Un long débat à ce sujet sengagea entre eux, et dura plusieurs années. Enfin, les parties voulant terminer leur différend, choisirent pour arbitres, Gombert, abbé de Prouilly, et labbé de Saint-Remi de Sens. Ceux-ci, par une sentence qui porte la date de 1236, décidèrent que les chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem pourraient avoir leur chapelle et leur cimetière, à la condition que cela ne porterait aucun préjudice aux droits de léglise de Saint-Aspais. On voit intervenir, dans cette sentence, un nommé Drogon, de Fontainebleau, qui, pour obtenir le consentement des religieux de Saint-Pierre, à ce que sa femme puisse être, après sa mort, enterrée dans la chapelle de lHôpital, constitue, au profit de leur couvent, une rente annuelle de quarante sols parisis; en garantie de laquelle il offre daffecter et dhypothéquer une de ses maisons à Melun ou à Paris.
Leur établissement étant terminé, les chevaliers de Saint-Jean tirèrent parti des terrains qui leur restaient, et dont ils navaient pas eu besoin pour leurs constructions. Ils les arrentèrent à diverses personnes, moyennant une faible redevance annuelle. On y bâtit des maisons, et on vit là se former bientôt la rue de la Pêcherie, autrement dite des Pêcheurs, la rue Neuve, la rue de la Juiverie ou des Juifs, etc.
Une déclaration, faite en 1692, de ces arrentements porte quils comprenaient: rue de la Pêcherie, 19 maisons; rue Neuve, 44 maisons; rue de la Juiverie, 26 maisons; au faubourg de la porte Saint Jean, 5 maisons et 2 jardins; sur la douve des fossés de la ville, 6 jardins; sur la rue allant à Poignet, 9 jardins.
Il dépendait de la commanderie de Melun, au XIVe siècle, plusieurs maisons, celles de Passy, de Rubelles et de Maincy.
La maison de Passy, située dans la paroisse de Bombon, qui comptait une cinquantaine darpents de terre, nexistait plus à la fin du XVIIe siècle.
La maison de Rubelles, sise dans la grande rue du village, fut incendiée en 1492, et ne fut pas rebâtie. Les terres dépendant de cette maison et de celle de Maincy, ont été échangées, en 1656, comme nous lavons dit, contre dautres terres situées à Savigny-le-Temple.
Enfin la maison de Maincy, qui avait été achetée en 1287 par les Templiers dAdam De Melun, nétait plus au siècle dernier quune petite grange, servant à renfermer le produit dune dîme que lHôpital recueillait sur son territoire.
Un état des revenus de la Commanderie de Melun, en 1319, renferme certains détails que nous croyons devoir rapporter ici:
Le produit des arrentements dans la ville de Melun, était alors de 43 livres 2 sols 6 deniers par an; celui des quêtes et aumônes rendait à peu près le même chiffre.
Les vignes de Misery et de Boissettes étaient louées vingt-cinq sols larpent.
Les maisons de Rubelles et de Passy avec les dîmes de Maincy, Milly et Montereau-sur-Jard, rapportaient 59 setiers de froment et 53 setiers davoine, valant le setier de froment 6 sols 8 deniers, et le setier davoine 4 sols 4 deniers.
Il y avait alors au chef-lieu de la commanderie, un commandeur, nommé frère Jean Capy, un autre frère, prêtre, pour desservir la chapelle; un troisième qui servait de clerc, un donné, un valet et une chambrière. La nourriture et lentretien de ces six personnes coûtaient par an, 53 livres 14 sols, chiffre à peu près égal au revenu de la commanderie évalué à 60 livres.
Les guerres du XIVe siècle causèrent la ruine de plusieurs commanderies. De ce nombre, il faut citer celle de Melun. Aussi jugea-t-on à propos de la supprimer et de réunir ses revenus au Prieuré de Saint-Jean en lIle-lez-Corbeil.
Dans le procès-verbal de la visite prieurale faite en 1436, du Prieuré de Corbeil et des membres qui en dépendaient, voici ce quon lit relativement à lancienne commanderie de Melun: « Hors la ville de Melun, près des fossés dicelle, une place en laquelle souloit avoir belle chappelle et grande, et à lentour belle maison qui, du temps des guerres, ont esté du tout desmoliz; et de présent na quune chappelle bien et souffisament entretenue et aornée et desservie toutes les sepmainnes de quatre messes. A iceluy appartient plusieurs membres, lesquels sont totalement en ruyne et desolacion. »
La chapelle disparut à son tour au XVIe siècle. Dans une déclaration faite en 1692 par le commandeur De Cintray, de tout ce que lHôpital possédait dans le comté de Melun, il est dit que cette chapelle avait été détruite pendant les guerres civiles et le siège de Melun au mois de septembre 1590.
Il ne restait plus au siècle dernier de lancienne commanderie de Melun, que des cens ou rentes et quelques dîmes à Melun, Mormant et Maincy, qui rapportaient, en 1757, seize à dix-sept cents livres par an.
Domus Hospitalis Ozouer-le-Voulgis
Département: Seine-et-Marne, Arrondissement: Melun, Canton: Tournan-en-Brie — 77
Domus Hospitalis Ozouer-le-Voulgis
Par suite daméliorations et dagrandissements successifs, cette grange devint une ferme qui comptait, au siècle dernier, une centaine darpents de terre. Une déclaration du 12 mars 1686, fournie à la Chambre des Comptes par le chevalier Adrien de Vignacourt, trésorier de lOrdre et commandeur de Corbeil, nous montre que cette ferme, connue sous le nom de lHopitau, était le siège de la seigneurie du lieu; que le Commandeur y avait la haute, moyenne et basse justice, avec droit de pêche dans la rivière. Cette déclaration est faite sous les protestations de droit, quelle ne pourra tirer à conséquence ni servir dacte dérogeant aux privilèges et exemptions de lOrdre de Malte.
Le revenu de la terre et seigneurie dOzouer-Le-Voulgis était, en 1757, de 400 livres. Il montait, en 1783, à 1,500 livres.
Maison du Clos Bruneau, à Paris
Cette maison se désignait plus souvent sous le nom du Petit-Corbeil. Voici ce quun historien Jean De La Barre, nous apprend sur son origine: « La maison du Petit-Corbeil, en laquelle on tenoit anciennement les escoles de decret, avoit esté bâtie par frère Gilbert Ponchet, religieux de la maison de Saint-Jean-en-lIsle (Gilbert Ponchet était commandeur de Montdidier en 1382). Il étoit docteur en droit canon, et vulgairement appelé Gilbert de Corbeil, à cause du lieu de sa naissance, qui a donné le nom à cette maison. Par son testament, il avoit ordonné que le loyer de cette maison seroit distribué et partagé par moitié, entre les religieux de Saint-Jean-en-lIsle et ceux de Saint-Jean-de-Latran, avec lesquels il se retiroit du temps quil faisoit ses estudes. Cette jouissance, par indivis, a duré jusques en lannée 1482, que les religieux de Saint-Jean-de-Latran de Paris quittèrent à ceux de Saint-Jean-en-lIsle, tout le droit quils y avoient. Le prieur qui fist cette acquisition, sappeloit frère Nicolas Lesbahy (De la Barre, Antiquités de Corbeil, page 212. »
Le revenu de la maison du Petit-Corbeil était, en 1783, dé 700 livres.
Sources: les commanderies du Grand-Prieuré de France — Eugène Mannier — Paris, Aubry et Dumoulin, 1872 (Paris)
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